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par Jean-François Jagielski

« Juillet 1966 » : différence entre les versions

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Été 66 : Le pessimisme de McN et de son adjoint McNaugthon est contredit par l’optimisme affiché de Rusk (« La situation en est arrivée au point où le Nord-Vietnam ne peut pas gagner »), de Rostow (nouveau secrétaire d’État à la Sécurité nationale, « Nous n’avons pas touché au but mais nous avançons. »), de l’ambassadeur Lodge (« L’aspect militaire de cette guerre va bien […] ce qui veut dire que le vrai danger – le seul danger – serait que le peuple américain perde courage et choisisse de « ramener les boys à la maison. Ce serait réellement le premier « domino » à tomber. »), de Komer (responsable de la guerre anti-insurrectionnelle, de retour du Vietnam qui fait savoir qu’il est à la fois « optimiste et réaliste. ») (cité ''in'' McNamara, 1996, pp. 254-255).
4 juillet 66 : Venue en visite privée au N-V de Sainteny, mandaté par De Gaulle depuis février. Ce dernier lui a remis une lettre pour HCM. Il est d’abord reçu par Nguyen Duy Thrinh (ministre des Affaires étrangères) et Pham Van Dong (premier ministre) qui le retiennent à dîner. HCM les rejoint pour une conversation amicale (Sainteny, 1970, pp. 193-194).




Juin 66 : Premiers signes publiques de désaffection envers McN : dans 2 établissements universitaires, lors de la remise d’un diplôme ''honoris causa'', le corps enseignant et certains étudiants quittent la salle en sa présence. McN observe que ce sont les meilleurs étudiants qui désertent. Il note aussi l’apparition de manifestations dans les meilleures universités : Berkeley et Stanford.
5 juillet 66 : Sainteny est reçu officiellement au palais présidentiel par HCM où il lui remet la lettre de De Gaulle. Celle-ci « comblait d’aise Ho Chi Minh ». Sainteny tente de lui faire prendre en compte combien les États-Unis risquaient d’augmenter leurs moyens guerriers. HCM lui répond : « Nous connaissons la puissance de nos ennemis ; nous savons que les Américains, s’ils le veulent, peuvent raser cette ville, comme ils peuvent raser les principales villes du Tonkin : Haïphong, Nam Dinh, Bac Ninh, toutes les autres. Nous nous y attendons et nous y sommes d’ailleurs préparés, mais cela n’affaiblira pas notre volonté de lutter jusqu’au bout. Vous savez que nous avons déjà l’expérience, et vous savez aussi comment cela s’est terminé. » Des propos qu’il réitèrera presque mot pour mot dans son allocution du 17 (Sainteny, 1970, pp. 193-194).


C’est en mentionnant une visite à Harvard qu’il note rétrospectivement dans ses mémoires : « […] puisque la guerre ne se déroulait pas comme on l’espérait, des chercheurs futurs souhaiteraient sûrement étudier pourquoi, et j’estimais prévenir des erreurs semblables à l’avenir. Une idée qui aboutirait en définitive aux ''Pentagon Papers''. » (McNamara, 1996, pp. 247-248 et p. 250)


Les frappes P.O.L. (visant les hydrocarbures) à proximité des grandes villes entraînent une riposte des N-V. Ceux-ci utilisent des batteries de missiles antiaériens soviétiques S.A.M. qui commencent à infliger des pertes sévères à l’''Air Force'' et à l’aéronavale (Baulon, 2009, p. 440).
6 juillet 66 : Selon les mémoires de De Quirielle, « le 6 juillet, dans la soirée, une cinquantaine de prisonniers américains en tenue de bagnards, enchaînés deux par deux, encadrés par des gardes armés furent promenés dans les rue de la capitale [Hanoi]. Le même spectacle d’une foule déchaînée [voir 29 juin], hystérique, vomissant insultes et injures, brandissant le poing, « aiguisant sa haine », pour reprendre l’expression du journal du parti, ''Nham Dam'', se répéta. » (De Quirielle, 1992, p. 100) L’agence vietnamienne d’information monte l’affaire, mais toujours selon De Quirielle, cette nouvelle exhibition « eut un résultat inverse à celui recherché. » Elle provoque une vague d’indignation tant aux États-Unis que « parmi les pays qui manifestaient de la sympathie à la cause vietnamienne. Sur ce point Hanoi fit un faux pas. » Le projet de les juger pour crimes de guerre ou actes de terrorisme sera finalement rejeté par HCM (voir 19 juillet) (De Quirielle, 1992, p. 100).


McN lance le « Programme 3 » qui prévoit la présence de 391 000 soldats américains (79 bataillons) pour la fin de l’année et 431 000 pour juin 1967. Face aux critiques de la presse et des chefs d’état-major, LBJ demande à McN à ce que ce programme soit accéléré. Mais ces renforts seront rapidement jugés insuffisants par un Westmoreland de plus en plus insatiable (voir 18 juin) (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 511).


Naissance en France du ''Paris American to Stop War'' (P.A.C.S.). Constitué d’intellectuels, artistes et libéraux américains vivant dans la capitale, le mouvement est en liaison avec des responsables et des acteurs du mouvement anti-guerre français. Il apporte son aide au petit nombre de déserteurs de l’armée américaine (Journoud, 2016, p. 70).
7 juillet 66 : Le comité des chefs d’état-major répondent que le « Programme 3 » (voir juin) doit satisfaire les demandes de Westmoreland. Mais ce dernier veut déjà plus (voir 18 juin) (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 512).




7 juin 66 : L’émissaire canadien, Chester A. Ronning (voir mars), se rend à nouveau à Hanoi pour sonder les intentions des N-V. Il a reçu l’aval du département d’État américain (dans le cadre de l’opération ''Marigold''). En attendant les résultats de cette rencontre, Rusk, en voyage en Europe, demande à LBJ de retarder les bombardements des installations pétrolières jusqu’au retour de Ronning. Rusk pense que le fait de décider le bombardement des réserves pétrolières aura un important retentissement sur l’opinion publique mondiale du fait des pertes humaines inévitables. LBJ suspend donc à nouveau temporairement ces raids (''Le dossier du Pentagone'', 1971, pp. 508-509).
7 juillet - 3 août 66 : '''Opération ''Hastings''''' '''dans la vallée du Ngan''' (Province de Quang Tri) au sud de la D.M.Z. pour empêcher l’infiltration de l’A.P.N.V. En termes de [http://www.laguerreduvietnam.com/pages/glossaire-le-nam-speak/de-la-lettre-a-a-la-lettre-e/la-lettre-b.html ''body count''], la victoire est pour le ''Marine Corps'', avec environ 900 pertes dans le camp ennemi infligées à la division 324-B de l’A.P.N.V.


Après s’être réuni au préalable en mai, le Comité de rédaction des lois électorales soumet au gouvernement s-v des propositions réglementaires pour élire une assemblée constituante. Les élections auront lieu le 11 septembre (Johnson, 1972, p. 302).


8 juillet 66 : Fin du voyage de Sainteny au Vietnam.


10 juin 66 : LBJ autorise à nouveau, après s’être donné un délai de réflexion (voir mars), les frappes aériennes sur les installations pétrolières du N-V situées près des deux grandes villes du Tonkin : Hanoi et Haïphong. Ces frappes demeurent ultra secrètes : ni l’amiral Sharp (C.I.N.P.A.C.) ni Westmoreland n’en sont informés (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 508). Elles entreront en vigueur le 22.


17 juillet 66 : Pour l’anniversaire des accords de Genève, HCM lance un appel de résistance et d’abnégation de la nation face à la vague de bombardements du N-V : « Jamais les Américains, fussent-ils, cinq cents mille, un million ou même d’avantage, ne pourront briser la volonté de fer de notre peuple. La guerre peut encore durer cinq ans, dix ans ou vingt ans ou d’avantage. Hanoi, Haïphong, d’autres villes peuvent être détruites, le peuple vietnamien ne se laissera pas intimider. Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté. » Il s’en prend alors directement à LBJ : « Président Johnson, répondez publiquement au peuple des États-Unis et au peuple du monde : qui a saboté les accords de Genève garantissant la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale ? Les troupes vietnamiennes sont-elles allées envahir les États-Unis  et massacrer les Américains ; n’est-ce pas le gouvernement des États-Unis qui a envoyé les troupes américaines envahir et massacrer les Vietnamiens ? » (cité ''in'' De Quirielle, 1992, p. 103).


12 juin 66 : Au Cambodge, un train de voyageurs est attaqué sur la ligne Battambang-Poipet. Les attaquants seraient des communistes cambodgiens conduits par Muol Sambath.


19 juillet 66 : Face à une vague d’indignation internationale, HCM abandonne le projet de faire juger pour crimes de guerre les pilotes américains abattus et récemment exhibés (voir 29 juin et 6 juillet). Il envoie un télégramme au président de parti socialiste américain l’assurant qu’ils seraient désormais traités comme des prisonniers de guerre. Il diffuse le même message au moyen d’une dépêche AFP. Toutefois Hanoi précisera sa position ultérieurement : l’état de guerre n’existant pas, les Conventions de Genève aux prisonniers de guerre ne leur sont pas applicables. Ces pilotes sont donc considérés comme des prisonniers de droit commun qui peuvent être jugés à tout moment par des tribunaux ordinaires. Mais cette procédure ne sera jamais appliquée. Leurs conditions de détention sont dures, notamment à l’« Hanoi Hilton » et ils seront parfois utilisés à des fins de propagande (intimidations pour leur faire rédiger des lettres de repentir) (De Quirielle, 1992, p. 101).


16 juin 66 : Première alerte aérienne sur Hanoi (De Quirielle, 1992, p. 98).
Au Cambodge, installation à Phnom Penh d’une véritable ambassade du Vietcong. Sihanouk accueille à bras ouverts son secrétaire général, Nguyen Van Hieu, qu’il qualifie « d’éminent diplomate qui jouit de notre confiance et de notre estime. » (Tong, 1972, pp. 124-125)




18 juin 66 : Westmoreland revoit ses demandes de renfort à la hausse par rapport au « Programme 3 » (voir juin) : il lui faut 111 588 hommes de plus en 1966 et ses effectifs doivent atteindre 542 588 hommes en 1967 (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 512).
29 juillet 66 : Le président de la R.P.C., Liu Shaoqi, adresse un message public à HCM. Après avoir rappelé que « le peuple chinois était prêt à supporter les plus grands sacrifices pour soutenir le peuple vietnamien », il prend prétexte des violations des accords de Genève de 1954 par les Américains pour affirmer qu’ils sont désormais caducs aux yeux des Chinois. C’est une manière de réduire à néant la portée de l’un des 4 points du premier ministre Pham Van Dong du 8 avril 1965. Hanoi, plus que jamais diplomatiquement indépendante, réagit ouvertement en faisant publier dans le journal du parti (''Nham Dam'') une réponse affirmant que la R.D.V.N. demeurait en tout point fidèle à la teneur des accords de 1954 (De Quirielle, 1992, pp. 173-174).




22 juin 66 : La mission Ronning ayant échoué, Washington lance le message d’exécution autorisant les raids aériens contre les installations pétrolières n-v dans la région Hanoi-Haïphong. Mais avec certaines précautions : pas d’attaques contre les navires de commerce, pas plus que sur les navires de guerre sauf en cas de riposte ou que l’on soit sûr qu’ils soient n-v. A l’évidence, on veut éviter toute bavure concernant les bateaux soviétiques. On veut également éviter les victimes civiles, ce qui aurait mauvais effet sur l’opinion publique internationale, même si la capitale n-v est plus bombardée que le port d’Haïphong. L’opinion publique internationale réagit peu à ces attaques (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 509 et pp. 531-532).
31 juillet - 3 août 66 : Au Cambodge, des hélicoptères américains attaquent le village de Thlok Trach alors qu'une mission de la C.I.C. est présente sur place. L’appartenance de ce village frontalier au Cambodge est contestée par les S-V et les Américains qui les soutiennent sur ce point.




23 juin 66 : McN confie à Harriman (sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques) que la seule solution militaire acceptable est d’« entrer en contact direct » avec les N-V et le VC pour négocier. Cette demande ne rencontre aucun écho au sein des proches conseillers de LBJ (voir été 66). Le secrétaire d’État à la Défense confie dans ses mémoires : « Mon désaccord avec les autres conseillers de haut niveau de Lyndon Johnson s’aggrava tout au long de l’année. La divergence d’analyse devint de plus en plus tranchée et manifeste. » (voir 14 octobre) (McNamara, 1996, p. 255)
Fin juillet 66 : Une étude américaine émanant de la Défense estime que la capacité totale de stockage des produits pétroliers n-v a été détruite à 70 %. Ce qui n’arrête pas pour autant les approvisionnements et acheminements n-v qui sont rapidement décentralisés en petites unités le long des routes. Dès août, l’étude observera que « le rendement [des bombardements] était si mauvais qu’il était devenu chimérique d’essayer d’étrangler d’avantage la capacité de stockage des produits pétroliers du Nord-Vietnam. » McN est déçu car, une fois de plus, les opérations aériennes ont finalement été incapable de réduire les infiltrations de troupes au S-V (''Le dossier du Pentagone'', 1971, pp. 510-511).
 
 
29 juin 66 : Après un retard dû aux mauvaises conditions météorologiques, nouveau bombardement américain sur Hanoï et sur les réserves pétrolières (dépôts de Gia Lam, à 2 km du pont Paul Doumer, voir carte ''in'' Salisbury, 1967, p. 68) et d’huile à Haïphong. 80 % des réserves sont incendiées. C’est la dernière vaste opération aérienne décidée par McN (Sheenhan, 1990, p. 800 ; Halberstam, 1974, p. 552 ; De Quirielle, 1992, pp. 98-99). Elle est un succès et entraîne une assez faible réaction de l’opinion publique internationale (''Le dossier du Pentagone'', 1971, p. 510). C’est à la suite de ce raid que les N-V vont mettre en place une défense anti-aérienne très mobile dans et autour d’Hanoi.
 
L’un des pilotes américains abattu au cours de ce raid est exhibé à Hanoi. Selon De Quirielle, « dans la soirée, un des pilotes abattus fut promené à travers les artères de la capitale sur un camion à la lueur des projecteurs. Une foule hurlante, mal contenue par la police, avait envahi les rues et couvrait le malheureux, hébété, de quolibets et de menaces. » (De Quirielle, 1992, p. 99)

Dernière version du 10 juillet 2025 à 08:04

4 juillet 66 : Venue en visite privée au N-V de Sainteny, mandaté par De Gaulle depuis février. Ce dernier lui a remis une lettre pour HCM. Il est d’abord reçu par Nguyen Duy Thrinh (ministre des Affaires étrangères) et Pham Van Dong (premier ministre) qui le retiennent à dîner. HCM les rejoint pour une conversation amicale (Sainteny, 1970, pp. 193-194).


5 juillet 66 : Sainteny est reçu officiellement au palais présidentiel par HCM où il lui remet la lettre de De Gaulle. Celle-ci « comblait d’aise Ho Chi Minh ». Sainteny tente de lui faire prendre en compte combien les États-Unis risquaient d’augmenter leurs moyens guerriers. HCM lui répond : « Nous connaissons la puissance de nos ennemis ; nous savons que les Américains, s’ils le veulent, peuvent raser cette ville, comme ils peuvent raser les principales villes du Tonkin : Haïphong, Nam Dinh, Bac Ninh, toutes les autres. Nous nous y attendons et nous y sommes d’ailleurs préparés, mais cela n’affaiblira pas notre volonté de lutter jusqu’au bout. Vous savez que nous avons déjà l’expérience, et vous savez aussi comment cela s’est terminé. » Des propos qu’il réitèrera presque mot pour mot dans son allocution du 17 (Sainteny, 1970, pp. 193-194).


6 juillet 66 : Selon les mémoires de De Quirielle, « le 6 juillet, dans la soirée, une cinquantaine de prisonniers américains en tenue de bagnards, enchaînés deux par deux, encadrés par des gardes armés furent promenés dans les rue de la capitale [Hanoi]. Le même spectacle d’une foule déchaînée [voir 29 juin], hystérique, vomissant insultes et injures, brandissant le poing, « aiguisant sa haine », pour reprendre l’expression du journal du parti, Nham Dam, se répéta. » (De Quirielle, 1992, p. 100) L’agence vietnamienne d’information monte l’affaire, mais toujours selon De Quirielle, cette nouvelle exhibition « eut un résultat inverse à celui recherché. » Elle provoque une vague d’indignation tant aux États-Unis que « parmi les pays qui manifestaient de la sympathie à la cause vietnamienne. Sur ce point Hanoi fit un faux pas. » Le projet de les juger pour crimes de guerre ou actes de terrorisme sera finalement rejeté par HCM (voir 19 juillet) (De Quirielle, 1992, p. 100).


7 juillet 66 : Le comité des chefs d’état-major répondent que le « Programme 3 » (voir juin) doit satisfaire les demandes de Westmoreland. Mais ce dernier veut déjà plus (voir 18 juin) (Le dossier du Pentagone, 1971, p. 512).


7 juillet - 3 août 66 : Opération Hastings dans la vallée du Ngan (Province de Quang Tri) au sud de la D.M.Z. pour empêcher l’infiltration de l’A.P.N.V. En termes de body count, la victoire est pour le Marine Corps, avec environ 900 pertes dans le camp ennemi infligées à la division 324-B de l’A.P.N.V.


8 juillet 66 : Fin du voyage de Sainteny au Vietnam.


17 juillet 66 : Pour l’anniversaire des accords de Genève, HCM lance un appel de résistance et d’abnégation de la nation face à la vague de bombardements du N-V : « Jamais les Américains, fussent-ils, cinq cents mille, un million ou même d’avantage, ne pourront briser la volonté de fer de notre peuple. La guerre peut encore durer cinq ans, dix ans ou vingt ans ou d’avantage. Hanoi, Haïphong, d’autres villes peuvent être détruites, le peuple vietnamien ne se laissera pas intimider. Rien n’est plus précieux que l’indépendance et la liberté. » Il s’en prend alors directement à LBJ : « Président Johnson, répondez publiquement au peuple des États-Unis et au peuple du monde : qui a saboté les accords de Genève garantissant la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale ? Les troupes vietnamiennes sont-elles allées envahir les États-Unis  et massacrer les Américains ; n’est-ce pas le gouvernement des États-Unis qui a envoyé les troupes américaines envahir et massacrer les Vietnamiens ? » (cité in De Quirielle, 1992, p. 103).


19 juillet 66 : Face à une vague d’indignation internationale, HCM abandonne le projet de faire juger pour crimes de guerre les pilotes américains abattus et récemment exhibés (voir 29 juin et 6 juillet). Il envoie un télégramme au président de parti socialiste américain l’assurant qu’ils seraient désormais traités comme des prisonniers de guerre. Il diffuse le même message au moyen d’une dépêche AFP. Toutefois Hanoi précisera sa position ultérieurement : l’état de guerre n’existant pas, les Conventions de Genève aux prisonniers de guerre ne leur sont pas applicables. Ces pilotes sont donc considérés comme des prisonniers de droit commun qui peuvent être jugés à tout moment par des tribunaux ordinaires. Mais cette procédure ne sera jamais appliquée. Leurs conditions de détention sont dures, notamment à l’« Hanoi Hilton » et ils seront parfois utilisés à des fins de propagande (intimidations pour leur faire rédiger des lettres de repentir) (De Quirielle, 1992, p. 101).

Au Cambodge, installation à Phnom Penh d’une véritable ambassade du Vietcong. Sihanouk accueille à bras ouverts son secrétaire général, Nguyen Van Hieu, qu’il qualifie « d’éminent diplomate qui jouit de notre confiance et de notre estime. » (Tong, 1972, pp. 124-125)


29 juillet 66 : Le président de la R.P.C., Liu Shaoqi, adresse un message public à HCM. Après avoir rappelé que « le peuple chinois était prêt à supporter les plus grands sacrifices pour soutenir le peuple vietnamien », il prend prétexte des violations des accords de Genève de 1954 par les Américains pour affirmer qu’ils sont désormais caducs aux yeux des Chinois. C’est une manière de réduire à néant la portée de l’un des 4 points du premier ministre Pham Van Dong du 8 avril 1965. Hanoi, plus que jamais diplomatiquement indépendante, réagit ouvertement en faisant publier dans le journal du parti (Nham Dam) une réponse affirmant que la R.D.V.N. demeurait en tout point fidèle à la teneur des accords de 1954 (De Quirielle, 1992, pp. 173-174).


31 juillet - 3 août 66 : Au Cambodge, des hélicoptères américains attaquent le village de Thlok Trach alors qu'une mission de la C.I.C. est présente sur place. L’appartenance de ce village frontalier au Cambodge est contestée par les S-V et les Américains qui les soutiennent sur ce point.


Fin juillet 66 : Une étude américaine émanant de la Défense estime que la capacité totale de stockage des produits pétroliers n-v a été détruite à 70 %. Ce qui n’arrête pas pour autant les approvisionnements et acheminements n-v qui sont rapidement décentralisés en petites unités le long des routes. Dès août, l’étude observera que « le rendement [des bombardements] était si mauvais qu’il était devenu chimérique d’essayer d’étrangler d’avantage la capacité de stockage des produits pétroliers du Nord-Vietnam. » McN est déçu car, une fois de plus, les opérations aériennes ont finalement été incapable de réduire les infiltrations de troupes au S-V (Le dossier du Pentagone, 1971, pp. 510-511).

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