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par Jean-François Jagielski

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Décembre 50 : Conférence sino-russo-vietminh à Nanning sous la présidence du vice-président chinois Liu Shao Chi. Y assistent HCM et Giap. Un accord est conclu : la Chine fournira des armes, des camions et du matériel radio contre du bois et du riz indochinois. C’est donc le concept maoïste de « guerre du peuple » qui s’impose de plus en plus au VM (Gras, 1979, pp. 384-385).


L’aide chinoise demeure cependant modeste, 4 000 tonnes de fournitures pour l’hiver 1951-1952 : 1 000 tonnes d’armement, 500 tonnes de munitions. Le VM a dans un premier temps beaucoup de mal à acheminer cette aide du fait des actions de l’aviation française mais aussi d’un parc automobile insuffisant, d’un réseau routier défaillant et d’un manque d’essence (Toinet, 1998, p. 394).
Début décembre, le général Boyer de la Tour est atteint d’une crise de dysenterie aigüe qui l’obligera à terme à mettre en suspens ses fonctions à la tête des T.F.I.N. (Boyer de la Tour, 1962, p. 176). Ses relations difficiles avec De Lattre viendront se greffer aux problèmes de santé et mèneront à son éviction (voir 31 décembre).
2 décembre 50 : '''Le général Alessandri''' (commissaire par intérim de la République du N-V depuis le 28 novembre 1949 et commandant des forces du Tonkin) '''quitte (temporairement) l’Indochine''' (voir septembre 1952). En disgrâce depuis l’affaire de la R.C. 4 dont il apparaît être le rare bouc émissaire. Il ne sera remis à disposition du ministre chargé des relations avec les États associés que le 24 septembre 1952.  '''Le général Boyer de Latour, bien que malade, prend temporairement sa succession à la tête des T.F.I.N.''' (voir 31 décembre).
4 décembre 50 : '''Le Comité de défense nationale décide de rappeler en France Pignon et Carpentier.''' Jean Letourneau (États associés) défend une nouvelle fois Pignon mais doit concéder du bout des lèvres : « Les circonstances, l’usure des hommes chargés des plus hautes responsabilités et la baisse du moral qui en résulte, l’ont conduit à modifier son point de vue. Il est maintenant d’avis de charger un grand chef militaire de la responsabilité principale en Indochine. » Jules Moch (Défense), approuvé par Robert Schuman (Affaires étrangères), fustige « l’état d’esprit qui anime le général commandant en chef en Indochine [Carpentier]. » La désignation de De Lattre de Tassigny fait alors presque l’unanimité, les généraux Juin s’étant désisté (voir 7 novembre), Guillaume ayant refusé  et Koenig ayant été retoqué en demandant l’envoi du contingent en Indochine et un service militaire de 2 ans. Selon Cadeau, l’influence de Le Prouvost de Launay (ancien député de la Charente-Inférieure, président du conseil municipal de Paris) aurait été déterminante pour infléchir les réticences du président du Conseil (Pleven) à cette désignation (voir 23 novembre) (Turpin, 2000, p. 34 ; Cadeau, 2019, pp. 337-338).
6 décembre 50 : Suite à la campagne ''Tran Hung Dao'' en cours, les Français abandonnent Hoa Binh. Selon Giap, « sur la rive gauche du Fleuve Rouge, chaque province abritait une petite base de résistance sur l’arrière de l’ennemi, en particulier à Hai Duong, Hung Yen, Thai Binh où nous avions créé une zone de guérilla au nord et au sud de la rivière Luoc (canal des Bambous). Au sein de celle-ci s’étendait la base Tien-Duyen-Hung qui couvrait le territoire des trois districts au nord de Thai Binh (Vu Tien, Duyen Ha et Dong Hun) et constituait un solide point d’appui, pour une éventuelle attaque de Thai Binh. » Des zones de guérilla sont mises en place dans les provinces de Ha Dong, Ha Nam et Ninh Binh (Giap 2, 2004, p. 142).  
'''Le général Carpentier est remplacé par De Lattre de Tassigny qui est nommé à la fois haut-commissaire et commandant en chef'''. Il est à la fois admiré par les uns et détesté par les autres (Leclerc, Juin). De Lattre n’a été choisi qu’en dernier ressort : Juin (voir 7 novembre) et Koenig, pressentis avant lui, ont décliné l’offre avant qu’il ne l’accepte (Bodard, 1997, pp. 677-678). De Lattre a toujours entretenu des relations concurrentielles et difficiles avec De Gaulle qui l’avait chassé du commandement de la 1<sup>ère</sup> armée durant la SGM. Il va chercher son avis mais surtout l’idée prudente ne pas avoir les Gaullistes « sur le dos » (Bodard, 1997, pp. 680-681).
De Lattre est secondé par le général Salan (voir 15 décembre) et fait venir une équipe de dirigeants militaires en qui il a confiance : les lieutenants-colonels et colonels De Castries, Beaufre, Vanuxem et Redon. Il bénéficie en France de l’appui total du ministre des Relations avec les États-Associés, Jean Letourneau, un M.R.P. et son ministre de tutelle (Dalloz, 2006, p. 100).
Avant l’arrivée imminente de De Lattre, '''le gouverneur-général Georges Gautier''' (Dalloz, 2006, p. 100), recommandé par François Mitterrand (France d’Outre-Mer) '''remplace très brièvement le haut-commissaire Léon Pignon''' (voir 23 novembre), lui aussi tombé en disgrâce après la défaite de la R.C. 4.
7 décembre 50 : Max André qui avait présidé les conférences de Dalat et Fontainebleau en 1946 devient conseiller de l’Union française. Il est considéré comme un des tenants de la ligne dure du M.R.P. Pour autant, en commission exécutive, il se déclarera partisan de la reconnaissance de la Chine populaire afin que l’on puisse s’entendre avec elle pour un règlement de l’affaire indochinoise (Dalloz, 1996, pp. 107-108, note 4).
8 décembre 50 : Une convention militaire est signée entre la France et le Vietnam. Les Français reconnaissent l’indépendance totale de la nouvelle armée dans le cadre d’un processus qui doit aboutir à l’indépendance politique (Wainstock, Miller, 2019, p. 102).
13 décembre 50 : Un troisième et nouveau décret statue sur le rôle du haut-commissaire (voir 3 mars 1947 et 3 mars 1949). Il est placé sous l’autorité directe du ministre des Relations avec les États associés (Letourneau). Selon les accords passés avec le Vietnam, le Laos et le Cambodge, il est dépositaire des pouvoirs du gouvernement de la République en charge de la défense et de la sécurité de l’Indochine (Bodin, 2004, p.141). Pouvoir militaire et civil sont à nouveau dans les mains d’un seul homme, comme du temps de D’Argenlieu.
Le général Boyer de la Tour (T.F.I.N.) produit 2 documents adressés aux commandants de zone et de G.M. : ne pas être bousculé en cas d’attaque importante et posséder des points forts (fortifiés et dotés d’artillerie) ; pouvoir manœuvrer une fois l’attaque déclenchée (au moyen  des G.M.) (Boyer de la Tour, 1962, pp. 177-178).
15 décembre 50 : Léon Pignon quitte le poste de haut-commissaire et est remplacé par le général De Lattre de Tassigny jusqu’à sa mort en janvier 1952 (Bodin, 2004, p. 142).
'''De Lattre et Salan partent pour l’Indochine'''. Salan devient l’adjoint de De Lattre (Bodinier, 1987, p. 130). Selon Bodard, les deux hommes ne s’apprécient guère (Bodard, 1997, p. 740).
Au cours du voyage, De Lattre confie à Salan ses objectifs : Albert Sarrault lui a conseillé de s’appuyer sur Bao Daï ; il faut l’aider à former une armée vietnamienne qui doit tenir les positions et mener à elle seule les opérations de pacification ; il compte aussi sur l’appui des Anglais et des Américains ; il a besoin de « chefs bien membrés » qu’il va faire venir ; il faut former des groupes mobiles (G.M.) qui pourront « gicler facilement en cas de menace dans le delta » ; le Tonkin est et demeure la région prioritaire d’où vient la menace ; il faut limiter au maximum les pertes (Salan, 1971, p. 180). Sous leurs commandements, 11 G.M. vont être progressivement constitués (Toinet, 1998, pp. 121-122).
17 décembre 50 : '''Arrivée de De Lattre à Saigon''' en compagnie de Letourneau (États associés). De Lattre est accueilli à Tan Son Nhut par Pignon et Carpentier. Pour marquer sa désapprobation suite à l’affaire de la R.C. 4, ce dernier est totalement ignoré du nouveau haut-commissaire et commandant en chef qui ne prononce pas un mot à son égard. Pignon doit se contenter de brefs remerciements. De Lattre va rapidement démarrer les premiers limogeages. Il purge, dans l’armée et l’administration, les postes où beaucoup de militaires ou de fonctionnaires sont en surnombre à Saigon et les renvoie sans ménagement à Paris.
Il utilisera habilement et rapidement la presse et les médias pour faire connaître ses victoires à venir et le sens de son engagement avec sa venue en Indochine. Selon lui, les Français ont une attitude tout à fait désintéressée en Indochine et ne sont là que pour aider les Indochinois à acquérir leur indépendance. Son sens de la communication va trancher de celui de son prédécesseur Carpentier. Ce dernier avait créé un service de presse officiel, complètement muselé par son état-major et donc jugé peu crédible tant par la presse que par l’opinion publique française (Bodard, 1997, pp. 722-723). Selon Bodard, De Lattre déclare : « A quoi bon remporter des victoires si l’univers les ignore, si les gens n’en lisent pas les récits dans les journaux, sous de grosses manchettes. Frapper l’ennemi c’est bien, frapper l’imagination, c’est mieux. » De Lattre croit devoir mener également une intense guerre de communication dans un conflit qu’il sait de plus en plus impopulaire en métropole (Bodard, 1997, pp. 722-737).
Selon Béatrice Rodier-Cormier, sa recherche dans la maîtrise de l’information a un triple objectif : obtenir un soutien d’une opinion publique française défaillante ; parvenir à vietnamiser la guerre, c'est-à-dire convaincre les Indochinois que l’indépendance ne peut se construire qu’avec eux en luttant contre le communisme ; internationaliser moralement la guerre. Selon la même, « […] il n’est plus question de contraindre, mais de convaincre, par la confrontation des idées, des faits, par l’ouverture d’un débat sur le sujet. De Lattre inverse le mouvement engendré par le fonctionnement de l’information depuis cinq ans. La légitimité de la guerre doit procéder non pas de la source d’information mais de l’opinion publique. » Il faut donc communiquer sur la noblesse d’une guerre désintéressée menée par la France et le faire savoir en utilisant à bon escient les médias dans le monde entier (Coutau-Bégarie, 2005, p. 783).
18 décembre 50 : Le découragement est toujours de mise dans l’armée française. On abandonne le poste de Dinh Lap situé entre Langson et Tien Yen qui subit une pression du VM mais ne donne pas lieu à aucun combat.
Froide passation de pouvoir entre De Lattre et Carpentier en présence de Letourneau. Pignon et Carpentier font un tableau flatteur de la situation. Ce dernier déclare : « Après nos replis successifs, nous avons reconstitué une masse de manœuvre et nous tenons le delta où nos troupes font du bon travail. Nous laissons en partant une situation claire et nette. » (cité ''in'' Salan, 1971, p.186). De Lattre apprend par Salan l’abandon du poste de Dinh Lap par le général Boyer De Latour qui a pris depuis le 2 décembre la succession d’Alessandri au poste de commandant des T.F.I.N. Or il estime la conservation de ce poste comme essentielle car barrant l’accès au Delta. Il décide immédiatement de son départ pour Hanoi afin d’enrayer les multiples ordres d’abandon donnés par son prédécesseur (voir 19 décembre).
19 décembre 50 : Pour sa prise de commandement, De Lattre fait défiler dans Hanoï pas moins de 5 000 hommes des troupes françaises revenues du combat. Bao Daï, invité par De Lattre, n’a toutefois pas daigné faire le déplacement (Bodard, 1997, p. 705). Mauvais départ entre les 2 hommes. De Lattre lui en tiendra rigueur (Salan, 1971, p. 196). Il fait rassembler ensuite les officiers et sous-officiers devant lui et prononce une allocution : « Je suis venu pour vous sauver car c’est vous qui vous faites tuer. Je serai maintenant auprès de vous. C’en est fini avec les abandons. Le Tonkin sera tenu. Nous maintiendrons… Désormais vous serez commandés ! » (De Lattre, 1988, p. 72 ; Bodard, 1997, pp. 696-700) Cette phrase vise bien sûr Carpentier que De Lattre avait connu antérieurement comme chef d’état-major qui lui avait été recommandé par Juin, son protecteur. Selon De Folin, le nouveau commandant en chef l’avait renvoyé au bout de trois semaines après l’avoir jugé incompétent à cette fonction (De Folin, 1993, p. 208).
L’hémorragie des abandons de postes se poursuit : celui de Dinh Lap, important, car situé au sud de la R.C. 4 a été abandonné sans attaques et sans combats le 18. Il en sera de même, quelques jours plus tard, pour le poste de Binh Lu proche de Tien Yen (voir 25 - 26 décembre) (Bodard, 1997, p. 749).
Au soir, De Lattre dîne avec Salan chez le chef du gouvernement Nguyen Huu Tri, membre du Daï Viet. Ce dernier, déclinant une invitation pour le lendemain pour cause de déplacement, froisse à son tour De Lattre. Finalement les choses seront remises au 21 (Salan 2, 1971, pp. 188-189).
Dans une lettre au ministre de la Défense, le général Blanc, chef d’état-major des forces armées de guerre, revient sur la tension en effectifs que provoque la guerre d’Indochine (voir 22 mars) : « La limite de nos moyens est la possibilité d’entretenir nos forces par volontariat puisqu’il est admis que des formations du contingent ne seront, en aucun cas, envoyée en Indochine. Cette limite est déjà atteinte, elle est aujourd’hui dépassée. » (cité ''in'' Turpin, 2000, p. 32)
21 décembre 50 : Nouvelle entrevue De Lattre-Nguyen Huu Tri (voir 19 décembre). Après le  raté du 19, leurs rapports s’améliorent.
23 décembre 50 : Les États-Unis, la France, le Vietnam, le Cambodge et le Laos signent un traité de défense et d’assistance mutuelle'','' '''le ''Mutual Defense Assistance Agreement''''', qui officialise l’aide américaine (voir 8 mai). Il est administré par le M.A.A.G. (voir mi-septembre) L’aide militaire américaine commence à parvenir aux trois pays de l’Union française (Tran Van Don, 1985, p. 220 ; Nguyen Phu Duc, 1996, p. 42). Ce traité, signé à Saigon, fixe désormais les modalités d’aide des U.S.A. aux États associés. Les dépenses étant établies à 64 milliards, il est certain que la France et le Vietnam sont à eux seuls incapables de les assumer sans l’aide financière des U.S.A. (voir fin janvier 1951).
24 décembre 50 : Faisant suite à la laborieuse conférence de Pau (voir 29 juin 1950), des accords sont signés à Saigon entre la France pour transférer aux États associés des compétences fédérales au niveau des transmissions, du contrôle de l’immigration, des douanes et des finances (Catroux, 1953, pp. 233-266). Ces transferts doivent être effectifs le 14 janvier 1951. Bao Daï est cette fois présent à la droite De Lattre pour la signature, après toutefois quelques incontournables querelles de préséance (Bodard, 1997, p. 707). C’est une avancée pour les États associés mais, du fait du maintien du cadre de l’Union française, on est loin de l’autonomie chère à Bao Daï : la Sûreté fédérale et les Renseignements généraux sont aux mains des Français et donc soustraits au ministère de l’Intérieur vietnamien. Les policiers sont presque tous français. La justice demeurera française si un Français est impliqué contre un étranger. Même la politique étrangère vietnamienne doit être concertée avec celle de la France au sein du Haut-Conseil de l’Union française. Au Vietnam, Bao Daï et les Américains supportent mal ces restrictions. La « solution Bao Daï » piétine et va piétiner d’entrée par mésentente mutuelle sur l’essentiel (De Folin, 1993, p. 205).
24 – 25 décembre 50 : '''Ouverture de la campagne Trang Hung Dao.''' Elle n’est pas une surprise pour les services de renseignement français mais va mettre en place un fort dispositif vm (30 000 hommes) avec les divisions 308 et 312 (à l’ouest) épaulées par les réserves du VM (régiments 98 et 174 à l’est). Les Vietnamiens  poursuivent leur conquête de la R.C. 4 mais cette fois par le sud avec la conquête du poste de Binh Lieu (nord de Tien Yen) qui, selon Dang Van Viet, est « un point névralgique important, dont la prise ébranlerait toutes les autres positions de la zone maritime et causerait son effondrement. » Il tombera le 26 mais sera rapidement réoccupé. Les forces vietnamiennes passent par la Chine pour accomplir leurs mouvements de rocade. Elles parviennent à installer leur artillerie mais se heurtent aux solides défenses accessoires de Tien Yen (blockhaus, réseaux). Après avoir dû déplacer son artillerie, le VM parvient à ses fins par des tirs directs. Les postes qui défendent la ville tombent les uns après les autres. Les troupes françaises sont obligées de lâcher leur position. Les garnisons de la zone côtière de Dam Ha, Ha Coi et Monkay prennent la fuite par la mer et rejoignent Haïphong (Dang Van Viet, 2006, pp. 129-132 ; carte p. 133).
25 décembre 50 : En présence de Letourneau (États associés), De Lattre donne des instructions au général Boyer De Latour (commandant des T.F.I.N.) pour tenir sur le secteur Tien Yen-Monkay. Latour ne les assimile pas et s’en tient toujours aux instructions de Carpentier (De Lattre, 1987, p. 91). De Lattre va donc dès ce moment considérer Latour comme un maillon faible qui n’aura par la suite que de faibles attributions de commandement. C’est ce qu’indique un rapport du 11 janvier 1951 adressé par De Lattre à son ministre de tutelle : « Au Tonkin, j’ai remédié à un fléchissement du commandement qui tenait en grande partie à la maladie du général Latour, mais qui affectait le moral des échelons subordonnés. » (De Lattre, 1987, p. 95)
Constitution de la 312<sup>e</sup> division vietminh (209<sup>e</sup>, 165<sup>e</sup>, 141<sup>e</sup> régiments réguliers) (Giap 1, 2003, pp. 282-283 ; Giap 2, 2004, p. 101).
Dans le cadre de la campagne ''Tran Hung Dao'' (voir 30 novembre), les 308<sup>e</sup> et 312<sup>e</sup> divisions vm arrivent à leur point de regroupement après 14 jours et nuits de marche. Elles entrent immédiatement en action au nord-ouest dans le cadre principal de la véritable et future opération ''Tran Hung Dao'' qui doit avoir lieu dans la région de Vinh Yen (Giap 2, 2004, p. 109).
25 - 26 décembre 50 : '''Offensive de diversion du VM dans la région de Tien Yen-Monkay''' (frontière chinoise, extrême pointe nord-est du Vietnam située à l’est d’Haïphong). De Lattre s’y rendra le 31 et y laissera le colonel Beaufre. Cette attaque est combinée avec une autre, plus puissante, à Tam Dao (P.C. de Giap) et Vinh Yen (respectivement 60 et 30 km au nord-ouest d’Hanoi) impliquant une vingtaine de bataillons. Cette double attaque vise à mettre en difficulté les Français qui, selon Giap, ne pourront renforcer leurs positions sur deux endroits à la fois. La région Tien Yen-Honkay, à l’est, est encerclée et le général Boyer De Latour est à nouveau prêt à lâcher le secteur (selon les instructions antérieures de Carpentier) mais contre l’avis de De Lattre qui considère à juste raison cette attaque comme une diversion par rapport à celle, principale, de Vinh Yen (voir 12 - 16 janvier 1951). De Latour veut se replier sur Tien Yen qu’il entend organiser en centre de résistance. De Lattre lui donne un ordre contraire, envoie Salan puis se rend sur place. Il envoie des renforts, un soutien aérien et obtient même un appui d’artillerie par la marine. Les Français se maintiennent au final à l’est et contre-attaqueront le 1<sup>er</sup> janvier 1951 (Gras, 1979, pp. 372-375).
26 décembre 50 (avec prolongation jusqu’au 16 janvier 1951 au nord-ouest d’Hanoi) : Le VM s’apprête à lancer une double offensive, au nord-ouest d’Hanoi et à l’est d’Haïphong. Ses régiments se concentrent sur le delta du Fleuve Rouge. Deux masses : 7 à 8 bataillons sur la R.C. 4 et le secteur Tien Yen-Monkay à l’est ; une vingtaine de bataillons, à l’ouest, de part et d’autre de '''Tam Dao''' (60 km au nord-ouest d’Hanoï, région montagneuse à l’ouest de Thaï Nguyen) où se trouve la brigade 308. A l’ouest, l’opération ''Bécassine'' démarrée la veille et qui a pour but de détruire des installations de l’A.P.V. au nord-ouest commence mal pour les Français. Le G.M. 3 tombe par hasard sur 2 régiments de la 312<sup>e</sup> division.  Le 26, une partie du G.M, constitué d’un bataillon de tirailleurs sénégalais (1<sup>er</sup> bataillon du 24<sup>e</sup> R.T.S.) se laisse piéger dans une embuscade. Il est encerclé et est même en partie capturée au nord de Vinh Yen par des éléments de la 312<sup>e</sup> division (50 % de perte). L’opération se solde par 200 tués et disparus côté français, 250 tués et 400 blessés côté vietminh. L’opération ''Bécassine'' est rapidement abrégée  en raison de la menace qui plane sur le G.M. 3. De Lattre tiendra responsable Boyer de la Tour (T.F.I.N.) de cet échec (voir 29 décembre) (De Lattre, 1987, p. 92 ; Zervoudakis, 1994, p. 60 ; Cadeau, 2019, p. 351).
26 - 27 décembre 50 : Le VM attaque simultanément les postes français de Huu Bang (8 km à l’est de Vinh Yen) et Pho Lu (25 km au nord d’Hanoi) puis développe à l’est une attaque sur un front Viet Tri-Bac Ninh en direction de '''Vinh Yen''' (carte ''in'' Salan 2, 1971, p. 180). Les attaques à l’est sont contenues par les postes soutenus par l’aviation. Interventions fructueuses de trois groupes mobiles (G.M.) qui viennent d’être créés pour défendre Hanoi (Bodin, 2004, pp. 126-128). L’attaque sera contenue dès le 29.
27 décembre 50 : '''Fin de la conférence de Pau''' (voir 29 juin) qui ne satisfait ni Bao Daï et ni les nationalistes.
De Lattre reçoit des instructions gouvernementales de la main de Letourneau (États associés) à la veille de son départ pour la France. Le document comporte 23 pages résumant les principaux points de la politique française en Indochine et la pensée du gouvernement : il faut « rendre l’indépendance des États associés aussi effective que possible, sans rien négliger de ce qui pourra être nécessaire à la conduite d’une guerre difficile. » Après l’affaire de la R.C. 4, « il s’agit pour vous de défendre impérativement le Tonkin […] » L’abandon du Nord-Vietnam n’est donc plus de mise comme le laissaient entendre certaines directives gouvernementales antérieures qui évoquaient un repli à hauteur du 18<sup>e</sup> parallèle. Le Laos n’était pas alors une priorité, par contre, la Cochinchine devenait et demeurait « d’une importance vitale » (Gras, 1979, pp. 370-371).
28 décembre 50 : Fin de l’opération ''Bécassine'' à l’ouest. Le VM est toujours en possession de la région située au nord de Bao Chuc et le G.M. 3 se replie à Vinh Yen, après la perte d’un de ses bataillons (voir 26 - 27 décembre). Le VM estime que cette unité est nettement amoindrie. Il retire 2 régiments de Vinh Yen et les stationne jusqu’au 9 janvier à 30 km au nord de Vietri pour confondre les Français sur l’objectif réel de la campagne : Vinh Yen (Zervoudakis, 1994, p. 60).
28 - 29 décembre 50 : A l’est, début de l’encerclement de Tien Yen (nord-est d’Haïphong). Boyer De Latour demande l’autorisation d’évacuer la localité (voir 25 décembre). De Lattre le lui interdit et y envoie Salan et Beaufre. De Lattre écrit alors : « Je pris alors la décision d’arrêter à tout prix cette épidémie d’évacuations. » (De Lattre, 1987, p. 92)
28 - 30 décembre 50 : Au nord d’Hanoi, attaque des postes de Da Phuc, Phu Moi et Yen Sao qui sont submergés par le VM. L’intervention rapide des G.M. permet toutefois de les reconquérir et conserver (De Lattre, 1987, p. 92).
29 - 30 décembre 50 : De Lattre et Salan ont obtenu des renseignements décodés par les services d’écoute sur la ''campagne Tran Hung Dao'' commandée par Giap lui-même (Salan 2, 1970, p. 193). Les Français savent qu’il s’agit d’une double offensive vietminh combinée au nord-ouest d’Hanoi (Vinh Yen) et à l’est d’Haïphong, juste au niveau de la frontière chinoise dans le secteur Tien Yen-Monkay. Ce dernier secteur, moins prioritaire aux yeux de De Lattre qui le considère comme une attaque de diversion, a été mis en alerte et semble pour l’instant pouvoir résister.
29 décembre 50 : De Lattre relève Boyer de Latour de son commandement des T.F.I.N. Salan assure l’intérim (Cadeau, 2019, p. 352).
30 décembre 50 : De Lattre donne l’ordre de prélever des troupes sur le Delta et de concentrer sur Tien Yen-Monkay 4 bataillons (dont 2 de parachutistes dont le 6<sup>e</sup> G.C.C.P. sur Moncay), un G.M. de Tabors marocains et une batterie d’artillerie « avec interdiction de lâcher quoi que ce soit ».
Il mobilise d’autre part trois G.M. pour la défense d’Hanoi (De Lattre, 1987, pp. 92-93).
A L’Assemblée nationale, Mendès France s’insurge pour la troisième fois (voir 19 octobre et 22 novembre) contre la poursuite du conflit. Il est suivi par la presse.
Nuit du 30 au 31 décembre 50 : A l’est, échec de l’attaque par le VM du petit poste de Don Ngu (10 km à l’est de Tien Yen) soutenu par les canons de la Marine du ''Duguay-Trouin'' (De Lattre, 1987, p. 93).
31 décembre 50 : De Lattre se rend par avion à l’est, à Tien Yen, investi un moment par le VM mais reconquis. Il y promet des renforts et y laisse le colonel Beaufre. La veille, un bataillon de parachutistes a été largué sur Monkay (Bodard, 1997, pp. 754-758). L’est de Tien Yen est progressivement dégagé par les unités de renfort et l’intervention des canons de 155 mm du ''Duguay-Trouin'' (De Lattre, 1987, p. 93). De Lattre se rend ensuite à Hanoi où il interdit l’évacuation des familles françaises, y compris celle de son épouse (Gras, 1979, p. 373).
L’Armée nationale vietnamienne (A.V.N.) compte désormais 30 000 réguliers (17 bataillons) et 35 000 supplétifs (Toinet, 1998, p. 140).
'''Le général Boyer de la Tour''' (successeur d’Alessandri, commandant les T.F.I.N.), victime depuis le début du mois d’une violente dysenterie et considéré comme amoindri par De Lattre, est sur le point de quitter l’Indochine. Ancien commandant des T.F.I.S., il pense toujours qu’il faut non privilégier le Nord, difficilement défendable, mais le Sud. Ce qui n’est pas la conception de De Lattre. '''Il est relevé par Salan''' ce jour même (Boyer de la Tour, 1962, pp. 178-179).
​Fin 50 : Le P.C.I. se divise en trois sections correspondant à des secteurs géographiques : le Vietminh (Vietnam), le Pracheachon (Cambodge) et le Pathet Lao (Laos) (Cambacérès, 2013, pp. 74-75).
Selon Giap, les forces françaises et celles des États associés en Indochine sont réparties de la manière suivante :
-         Au Tonkin, 54 % des effectifs : 64 bataillons : 28 bataillons de forces statiques, 20 bataillons stratégiques mobiles, 16 bataillons mobiles tactiques, 6 bataillons d’artillerie, 2 régiments motorisés, 4 bataillons de génie.
-         Au centre, 17 % des effectifs : 20 bataillons dont 16 d’occupation, 6 bataillons vietnamiens, 1 bataillon d’artillerie, 1 régiment motorisé, 1 bataillon de génie.
-         Au Sud, 19 % des effectifs : 23 bataillons dont 21 d’occupation, 2 bataillons mobiles tactiques.
-         Au Laos : 6 % des effectifs : 7 bataillons d’occupation laotiens.
-         Au Cambodge : 4 % des effectifs : 1 bataillon d’Européens et Africains, 3 bataillons cambodgiens.
Durant l’année 1950, vu la faiblesse du corps expéditionnaire, les Français ont eu de plus en plus recours aux forces dites des États associés : 55 000 hommes (dont 30 000 originaires du Sud) (voir 4 - 5 novembre 50).
7 G.M. ont été formés au Nord : 1<sup>er</sup> G.M. à Bac Ninh ; 2<sup>e</sup> G.M. à Gia Lam, 3<sup>e</sup> G.M. à Vinh Yen-Viet Tri, 4<sup>e</sup> G.M. à Hai Duong, 5<sup>e</sup> G.M. à Bac Giang, 6<sup>e</sup> G.M. à Phu Lo et 7<sup>e</sup> G.M. à Dong Trieu. Toutes les formations de parachutistes ont été groupées autour d’Hanoi (Giap 2, 2004, p. 103).
Lancement par le VM d’une campagne en coordination avec la campagne ''Tran Hung Dao'' (axée sur la zone des Évêchés). Les forces armées de la 3<sup>e</sup> interzone et la 320<sup>e</sup> division lancent '''la campagne ''Mua Xuan'' (''Printemps'')''' dans la zone nord-ouest de Son Tay. Selon Giap, « en sept jours de combat nous avions tué ou fait prisonniers plus de sept cents soldats et abattu un pan de l’administration fantoche. Les armes saisies pouvaient équiper un bataillon régulier et une compagnie régionale. » (Giap 2, 2004, pp. 142-143)

Dernière version du 5 juin 2025 à 21:18

Décembre 50 : Conférence sino-russo-vietminh à Nanning sous la présidence du vice-président chinois Liu Shao Chi. Y assistent HCM et Giap. Un accord est conclu : la Chine fournira des armes, des camions et du matériel radio contre du bois et du riz indochinois. C’est donc le concept maoïste de « guerre du peuple » qui s’impose de plus en plus au VM (Gras, 1979, pp. 384-385).

L’aide chinoise demeure cependant modeste, 4 000 tonnes de fournitures pour l’hiver 1951-1952 : 1 000 tonnes d’armement, 500 tonnes de munitions. Le VM a dans un premier temps beaucoup de mal à acheminer cette aide du fait des actions de l’aviation française mais aussi d’un parc automobile insuffisant, d’un réseau routier défaillant et d’un manque d’essence (Toinet, 1998, p. 394).

Début décembre, le général Boyer de la Tour est atteint d’une crise de dysenterie aigüe qui l’obligera à terme à mettre en suspens ses fonctions à la tête des T.F.I.N. (Boyer de la Tour, 1962, p. 176). Ses relations difficiles avec De Lattre viendront se greffer aux problèmes de santé et mèneront à son éviction (voir 31 décembre).


2 décembre 50 : Le général Alessandri (commissaire par intérim de la République du N-V depuis le 28 novembre 1949 et commandant des forces du Tonkin) quitte (temporairement) l’Indochine (voir septembre 1952). En disgrâce depuis l’affaire de la R.C. 4 dont il apparaît être le rare bouc émissaire. Il ne sera remis à disposition du ministre chargé des relations avec les États associés que le 24 septembre 1952.  Le général Boyer de Latour, bien que malade, prend temporairement sa succession à la tête des T.F.I.N. (voir 31 décembre).


4 décembre 50 : Le Comité de défense nationale décide de rappeler en France Pignon et Carpentier. Jean Letourneau (États associés) défend une nouvelle fois Pignon mais doit concéder du bout des lèvres : « Les circonstances, l’usure des hommes chargés des plus hautes responsabilités et la baisse du moral qui en résulte, l’ont conduit à modifier son point de vue. Il est maintenant d’avis de charger un grand chef militaire de la responsabilité principale en Indochine. » Jules Moch (Défense), approuvé par Robert Schuman (Affaires étrangères), fustige « l’état d’esprit qui anime le général commandant en chef en Indochine [Carpentier]. » La désignation de De Lattre de Tassigny fait alors presque l’unanimité, les généraux Juin s’étant désisté (voir 7 novembre), Guillaume ayant refusé  et Koenig ayant été retoqué en demandant l’envoi du contingent en Indochine et un service militaire de 2 ans. Selon Cadeau, l’influence de Le Prouvost de Launay (ancien député de la Charente-Inférieure, président du conseil municipal de Paris) aurait été déterminante pour infléchir les réticences du président du Conseil (Pleven) à cette désignation (voir 23 novembre) (Turpin, 2000, p. 34 ; Cadeau, 2019, pp. 337-338).


6 décembre 50 : Suite à la campagne Tran Hung Dao en cours, les Français abandonnent Hoa Binh. Selon Giap, « sur la rive gauche du Fleuve Rouge, chaque province abritait une petite base de résistance sur l’arrière de l’ennemi, en particulier à Hai Duong, Hung Yen, Thai Binh où nous avions créé une zone de guérilla au nord et au sud de la rivière Luoc (canal des Bambous). Au sein de celle-ci s’étendait la base Tien-Duyen-Hung qui couvrait le territoire des trois districts au nord de Thai Binh (Vu Tien, Duyen Ha et Dong Hun) et constituait un solide point d’appui, pour une éventuelle attaque de Thai Binh. » Des zones de guérilla sont mises en place dans les provinces de Ha Dong, Ha Nam et Ninh Binh (Giap 2, 2004, p. 142).  

Le général Carpentier est remplacé par De Lattre de Tassigny qui est nommé à la fois haut-commissaire et commandant en chef. Il est à la fois admiré par les uns et détesté par les autres (Leclerc, Juin). De Lattre n’a été choisi qu’en dernier ressort : Juin (voir 7 novembre) et Koenig, pressentis avant lui, ont décliné l’offre avant qu’il ne l’accepte (Bodard, 1997, pp. 677-678). De Lattre a toujours entretenu des relations concurrentielles et difficiles avec De Gaulle qui l’avait chassé du commandement de la 1ère armée durant la SGM. Il va chercher son avis mais surtout l’idée prudente ne pas avoir les Gaullistes « sur le dos » (Bodard, 1997, pp. 680-681).

De Lattre est secondé par le général Salan (voir 15 décembre) et fait venir une équipe de dirigeants militaires en qui il a confiance : les lieutenants-colonels et colonels De Castries, Beaufre, Vanuxem et Redon. Il bénéficie en France de l’appui total du ministre des Relations avec les États-Associés, Jean Letourneau, un M.R.P. et son ministre de tutelle (Dalloz, 2006, p. 100).

Avant l’arrivée imminente de De Lattre, le gouverneur-général Georges Gautier (Dalloz, 2006, p. 100), recommandé par François Mitterrand (France d’Outre-Mer) remplace très brièvement le haut-commissaire Léon Pignon (voir 23 novembre), lui aussi tombé en disgrâce après la défaite de la R.C. 4.


7 décembre 50 : Max André qui avait présidé les conférences de Dalat et Fontainebleau en 1946 devient conseiller de l’Union française. Il est considéré comme un des tenants de la ligne dure du M.R.P. Pour autant, en commission exécutive, il se déclarera partisan de la reconnaissance de la Chine populaire afin que l’on puisse s’entendre avec elle pour un règlement de l’affaire indochinoise (Dalloz, 1996, pp. 107-108, note 4).


8 décembre 50 : Une convention militaire est signée entre la France et le Vietnam. Les Français reconnaissent l’indépendance totale de la nouvelle armée dans le cadre d’un processus qui doit aboutir à l’indépendance politique (Wainstock, Miller, 2019, p. 102).


13 décembre 50 : Un troisième et nouveau décret statue sur le rôle du haut-commissaire (voir 3 mars 1947 et 3 mars 1949). Il est placé sous l’autorité directe du ministre des Relations avec les États associés (Letourneau). Selon les accords passés avec le Vietnam, le Laos et le Cambodge, il est dépositaire des pouvoirs du gouvernement de la République en charge de la défense et de la sécurité de l’Indochine (Bodin, 2004, p.141). Pouvoir militaire et civil sont à nouveau dans les mains d’un seul homme, comme du temps de D’Argenlieu.

Le général Boyer de la Tour (T.F.I.N.) produit 2 documents adressés aux commandants de zone et de G.M. : ne pas être bousculé en cas d’attaque importante et posséder des points forts (fortifiés et dotés d’artillerie) ; pouvoir manœuvrer une fois l’attaque déclenchée (au moyen  des G.M.) (Boyer de la Tour, 1962, pp. 177-178).


15 décembre 50 : Léon Pignon quitte le poste de haut-commissaire et est remplacé par le général De Lattre de Tassigny jusqu’à sa mort en janvier 1952 (Bodin, 2004, p. 142).

De Lattre et Salan partent pour l’Indochine. Salan devient l’adjoint de De Lattre (Bodinier, 1987, p. 130). Selon Bodard, les deux hommes ne s’apprécient guère (Bodard, 1997, p. 740).

Au cours du voyage, De Lattre confie à Salan ses objectifs : Albert Sarrault lui a conseillé de s’appuyer sur Bao Daï ; il faut l’aider à former une armée vietnamienne qui doit tenir les positions et mener à elle seule les opérations de pacification ; il compte aussi sur l’appui des Anglais et des Américains ; il a besoin de « chefs bien membrés » qu’il va faire venir ; il faut former des groupes mobiles (G.M.) qui pourront « gicler facilement en cas de menace dans le delta » ; le Tonkin est et demeure la région prioritaire d’où vient la menace ; il faut limiter au maximum les pertes (Salan, 1971, p. 180). Sous leurs commandements, 11 G.M. vont être progressivement constitués (Toinet, 1998, pp. 121-122).


17 décembre 50 : Arrivée de De Lattre à Saigon en compagnie de Letourneau (États associés). De Lattre est accueilli à Tan Son Nhut par Pignon et Carpentier. Pour marquer sa désapprobation suite à l’affaire de la R.C. 4, ce dernier est totalement ignoré du nouveau haut-commissaire et commandant en chef qui ne prononce pas un mot à son égard. Pignon doit se contenter de brefs remerciements. De Lattre va rapidement démarrer les premiers limogeages. Il purge, dans l’armée et l’administration, les postes où beaucoup de militaires ou de fonctionnaires sont en surnombre à Saigon et les renvoie sans ménagement à Paris.

Il utilisera habilement et rapidement la presse et les médias pour faire connaître ses victoires à venir et le sens de son engagement avec sa venue en Indochine. Selon lui, les Français ont une attitude tout à fait désintéressée en Indochine et ne sont là que pour aider les Indochinois à acquérir leur indépendance. Son sens de la communication va trancher de celui de son prédécesseur Carpentier. Ce dernier avait créé un service de presse officiel, complètement muselé par son état-major et donc jugé peu crédible tant par la presse que par l’opinion publique française (Bodard, 1997, pp. 722-723). Selon Bodard, De Lattre déclare : « A quoi bon remporter des victoires si l’univers les ignore, si les gens n’en lisent pas les récits dans les journaux, sous de grosses manchettes. Frapper l’ennemi c’est bien, frapper l’imagination, c’est mieux. » De Lattre croit devoir mener également une intense guerre de communication dans un conflit qu’il sait de plus en plus impopulaire en métropole (Bodard, 1997, pp. 722-737).

Selon Béatrice Rodier-Cormier, sa recherche dans la maîtrise de l’information a un triple objectif : obtenir un soutien d’une opinion publique française défaillante ; parvenir à vietnamiser la guerre, c'est-à-dire convaincre les Indochinois que l’indépendance ne peut se construire qu’avec eux en luttant contre le communisme ; internationaliser moralement la guerre. Selon la même, « […] il n’est plus question de contraindre, mais de convaincre, par la confrontation des idées, des faits, par l’ouverture d’un débat sur le sujet. De Lattre inverse le mouvement engendré par le fonctionnement de l’information depuis cinq ans. La légitimité de la guerre doit procéder non pas de la source d’information mais de l’opinion publique. » Il faut donc communiquer sur la noblesse d’une guerre désintéressée menée par la France et le faire savoir en utilisant à bon escient les médias dans le monde entier (Coutau-Bégarie, 2005, p. 783).


18 décembre 50 : Le découragement est toujours de mise dans l’armée française. On abandonne le poste de Dinh Lap situé entre Langson et Tien Yen qui subit une pression du VM mais ne donne pas lieu à aucun combat.

Froide passation de pouvoir entre De Lattre et Carpentier en présence de Letourneau. Pignon et Carpentier font un tableau flatteur de la situation. Ce dernier déclare : « Après nos replis successifs, nous avons reconstitué une masse de manœuvre et nous tenons le delta où nos troupes font du bon travail. Nous laissons en partant une situation claire et nette. » (cité in Salan, 1971, p.186). De Lattre apprend par Salan l’abandon du poste de Dinh Lap par le général Boyer De Latour qui a pris depuis le 2 décembre la succession d’Alessandri au poste de commandant des T.F.I.N. Or il estime la conservation de ce poste comme essentielle car barrant l’accès au Delta. Il décide immédiatement de son départ pour Hanoi afin d’enrayer les multiples ordres d’abandon donnés par son prédécesseur (voir 19 décembre).


19 décembre 50 : Pour sa prise de commandement, De Lattre fait défiler dans Hanoï pas moins de 5 000 hommes des troupes françaises revenues du combat. Bao Daï, invité par De Lattre, n’a toutefois pas daigné faire le déplacement (Bodard, 1997, p. 705). Mauvais départ entre les 2 hommes. De Lattre lui en tiendra rigueur (Salan, 1971, p. 196). Il fait rassembler ensuite les officiers et sous-officiers devant lui et prononce une allocution : « Je suis venu pour vous sauver car c’est vous qui vous faites tuer. Je serai maintenant auprès de vous. C’en est fini avec les abandons. Le Tonkin sera tenu. Nous maintiendrons… Désormais vous serez commandés ! » (De Lattre, 1988, p. 72 ; Bodard, 1997, pp. 696-700) Cette phrase vise bien sûr Carpentier que De Lattre avait connu antérieurement comme chef d’état-major qui lui avait été recommandé par Juin, son protecteur. Selon De Folin, le nouveau commandant en chef l’avait renvoyé au bout de trois semaines après l’avoir jugé incompétent à cette fonction (De Folin, 1993, p. 208).

L’hémorragie des abandons de postes se poursuit : celui de Dinh Lap, important, car situé au sud de la R.C. 4 a été abandonné sans attaques et sans combats le 18. Il en sera de même, quelques jours plus tard, pour le poste de Binh Lu proche de Tien Yen (voir 25 - 26 décembre) (Bodard, 1997, p. 749).

Au soir, De Lattre dîne avec Salan chez le chef du gouvernement Nguyen Huu Tri, membre du Daï Viet. Ce dernier, déclinant une invitation pour le lendemain pour cause de déplacement, froisse à son tour De Lattre. Finalement les choses seront remises au 21 (Salan 2, 1971, pp. 188-189).

Dans une lettre au ministre de la Défense, le général Blanc, chef d’état-major des forces armées de guerre, revient sur la tension en effectifs que provoque la guerre d’Indochine (voir 22 mars) : « La limite de nos moyens est la possibilité d’entretenir nos forces par volontariat puisqu’il est admis que des formations du contingent ne seront, en aucun cas, envoyée en Indochine. Cette limite est déjà atteinte, elle est aujourd’hui dépassée. » (cité in Turpin, 2000, p. 32)


21 décembre 50 : Nouvelle entrevue De Lattre-Nguyen Huu Tri (voir 19 décembre). Après le  raté du 19, leurs rapports s’améliorent.


23 décembre 50 : Les États-Unis, la France, le Vietnam, le Cambodge et le Laos signent un traité de défense et d’assistance mutuelle, le Mutual Defense Assistance Agreement, qui officialise l’aide américaine (voir 8 mai). Il est administré par le M.A.A.G. (voir mi-septembre) L’aide militaire américaine commence à parvenir aux trois pays de l’Union française (Tran Van Don, 1985, p. 220 ; Nguyen Phu Duc, 1996, p. 42). Ce traité, signé à Saigon, fixe désormais les modalités d’aide des U.S.A. aux États associés. Les dépenses étant établies à 64 milliards, il est certain que la France et le Vietnam sont à eux seuls incapables de les assumer sans l’aide financière des U.S.A. (voir fin janvier 1951).


24 décembre 50 : Faisant suite à la laborieuse conférence de Pau (voir 29 juin 1950), des accords sont signés à Saigon entre la France pour transférer aux États associés des compétences fédérales au niveau des transmissions, du contrôle de l’immigration, des douanes et des finances (Catroux, 1953, pp. 233-266). Ces transferts doivent être effectifs le 14 janvier 1951. Bao Daï est cette fois présent à la droite De Lattre pour la signature, après toutefois quelques incontournables querelles de préséance (Bodard, 1997, p. 707). C’est une avancée pour les États associés mais, du fait du maintien du cadre de l’Union française, on est loin de l’autonomie chère à Bao Daï : la Sûreté fédérale et les Renseignements généraux sont aux mains des Français et donc soustraits au ministère de l’Intérieur vietnamien. Les policiers sont presque tous français. La justice demeurera française si un Français est impliqué contre un étranger. Même la politique étrangère vietnamienne doit être concertée avec celle de la France au sein du Haut-Conseil de l’Union française. Au Vietnam, Bao Daï et les Américains supportent mal ces restrictions. La « solution Bao Daï » piétine et va piétiner d’entrée par mésentente mutuelle sur l’essentiel (De Folin, 1993, p. 205).


24 – 25 décembre 50 : Ouverture de la campagne Trang Hung Dao. Elle n’est pas une surprise pour les services de renseignement français mais va mettre en place un fort dispositif vm (30 000 hommes) avec les divisions 308 et 312 (à l’ouest) épaulées par les réserves du VM (régiments 98 et 174 à l’est). Les Vietnamiens  poursuivent leur conquête de la R.C. 4 mais cette fois par le sud avec la conquête du poste de Binh Lieu (nord de Tien Yen) qui, selon Dang Van Viet, est « un point névralgique important, dont la prise ébranlerait toutes les autres positions de la zone maritime et causerait son effondrement. » Il tombera le 26 mais sera rapidement réoccupé. Les forces vietnamiennes passent par la Chine pour accomplir leurs mouvements de rocade. Elles parviennent à installer leur artillerie mais se heurtent aux solides défenses accessoires de Tien Yen (blockhaus, réseaux). Après avoir dû déplacer son artillerie, le VM parvient à ses fins par des tirs directs. Les postes qui défendent la ville tombent les uns après les autres. Les troupes françaises sont obligées de lâcher leur position. Les garnisons de la zone côtière de Dam Ha, Ha Coi et Monkay prennent la fuite par la mer et rejoignent Haïphong (Dang Van Viet, 2006, pp. 129-132 ; carte p. 133).


25 décembre 50 : En présence de Letourneau (États associés), De Lattre donne des instructions au général Boyer De Latour (commandant des T.F.I.N.) pour tenir sur le secteur Tien Yen-Monkay. Latour ne les assimile pas et s’en tient toujours aux instructions de Carpentier (De Lattre, 1987, p. 91). De Lattre va donc dès ce moment considérer Latour comme un maillon faible qui n’aura par la suite que de faibles attributions de commandement. C’est ce qu’indique un rapport du 11 janvier 1951 adressé par De Lattre à son ministre de tutelle : « Au Tonkin, j’ai remédié à un fléchissement du commandement qui tenait en grande partie à la maladie du général Latour, mais qui affectait le moral des échelons subordonnés. » (De Lattre, 1987, p. 95)

Constitution de la 312e division vietminh (209e, 165e, 141e régiments réguliers) (Giap 1, 2003, pp. 282-283 ; Giap 2, 2004, p. 101).

Dans le cadre de la campagne Tran Hung Dao (voir 30 novembre), les 308e et 312e divisions vm arrivent à leur point de regroupement après 14 jours et nuits de marche. Elles entrent immédiatement en action au nord-ouest dans le cadre principal de la véritable et future opération Tran Hung Dao qui doit avoir lieu dans la région de Vinh Yen (Giap 2, 2004, p. 109).


25 - 26 décembre 50 : Offensive de diversion du VM dans la région de Tien Yen-Monkay (frontière chinoise, extrême pointe nord-est du Vietnam située à l’est d’Haïphong). De Lattre s’y rendra le 31 et y laissera le colonel Beaufre. Cette attaque est combinée avec une autre, plus puissante, à Tam Dao (P.C. de Giap) et Vinh Yen (respectivement 60 et 30 km au nord-ouest d’Hanoi) impliquant une vingtaine de bataillons. Cette double attaque vise à mettre en difficulté les Français qui, selon Giap, ne pourront renforcer leurs positions sur deux endroits à la fois. La région Tien Yen-Honkay, à l’est, est encerclée et le général Boyer De Latour est à nouveau prêt à lâcher le secteur (selon les instructions antérieures de Carpentier) mais contre l’avis de De Lattre qui considère à juste raison cette attaque comme une diversion par rapport à celle, principale, de Vinh Yen (voir 12 - 16 janvier 1951). De Latour veut se replier sur Tien Yen qu’il entend organiser en centre de résistance. De Lattre lui donne un ordre contraire, envoie Salan puis se rend sur place. Il envoie des renforts, un soutien aérien et obtient même un appui d’artillerie par la marine. Les Français se maintiennent au final à l’est et contre-attaqueront le 1er janvier 1951 (Gras, 1979, pp. 372-375).


26 décembre 50 (avec prolongation jusqu’au 16 janvier 1951 au nord-ouest d’Hanoi) : Le VM s’apprête à lancer une double offensive, au nord-ouest d’Hanoi et à l’est d’Haïphong. Ses régiments se concentrent sur le delta du Fleuve Rouge. Deux masses : 7 à 8 bataillons sur la R.C. 4 et le secteur Tien Yen-Monkay à l’est ; une vingtaine de bataillons, à l’ouest, de part et d’autre de Tam Dao (60 km au nord-ouest d’Hanoï, région montagneuse à l’ouest de Thaï Nguyen) où se trouve la brigade 308. A l’ouest, l’opération Bécassine démarrée la veille et qui a pour but de détruire des installations de l’A.P.V. au nord-ouest commence mal pour les Français. Le G.M. 3 tombe par hasard sur 2 régiments de la 312e division.  Le 26, une partie du G.M, constitué d’un bataillon de tirailleurs sénégalais (1er bataillon du 24e R.T.S.) se laisse piéger dans une embuscade. Il est encerclé et est même en partie capturée au nord de Vinh Yen par des éléments de la 312e division (50 % de perte). L’opération se solde par 200 tués et disparus côté français, 250 tués et 400 blessés côté vietminh. L’opération Bécassine est rapidement abrégée  en raison de la menace qui plane sur le G.M. 3. De Lattre tiendra responsable Boyer de la Tour (T.F.I.N.) de cet échec (voir 29 décembre) (De Lattre, 1987, p. 92 ; Zervoudakis, 1994, p. 60 ; Cadeau, 2019, p. 351).


26 - 27 décembre 50 : Le VM attaque simultanément les postes français de Huu Bang (8 km à l’est de Vinh Yen) et Pho Lu (25 km au nord d’Hanoi) puis développe à l’est une attaque sur un front Viet Tri-Bac Ninh en direction de Vinh Yen (carte in Salan 2, 1971, p. 180). Les attaques à l’est sont contenues par les postes soutenus par l’aviation. Interventions fructueuses de trois groupes mobiles (G.M.) qui viennent d’être créés pour défendre Hanoi (Bodin, 2004, pp. 126-128). L’attaque sera contenue dès le 29.


27 décembre 50 : Fin de la conférence de Pau (voir 29 juin) qui ne satisfait ni Bao Daï et ni les nationalistes.

De Lattre reçoit des instructions gouvernementales de la main de Letourneau (États associés) à la veille de son départ pour la France. Le document comporte 23 pages résumant les principaux points de la politique française en Indochine et la pensée du gouvernement : il faut « rendre l’indépendance des États associés aussi effective que possible, sans rien négliger de ce qui pourra être nécessaire à la conduite d’une guerre difficile. » Après l’affaire de la R.C. 4, « il s’agit pour vous de défendre impérativement le Tonkin […] » L’abandon du Nord-Vietnam n’est donc plus de mise comme le laissaient entendre certaines directives gouvernementales antérieures qui évoquaient un repli à hauteur du 18e parallèle. Le Laos n’était pas alors une priorité, par contre, la Cochinchine devenait et demeurait « d’une importance vitale » (Gras, 1979, pp. 370-371).


28 décembre 50 : Fin de l’opération Bécassine à l’ouest. Le VM est toujours en possession de la région située au nord de Bao Chuc et le G.M. 3 se replie à Vinh Yen, après la perte d’un de ses bataillons (voir 26 - 27 décembre). Le VM estime que cette unité est nettement amoindrie. Il retire 2 régiments de Vinh Yen et les stationne jusqu’au 9 janvier à 30 km au nord de Vietri pour confondre les Français sur l’objectif réel de la campagne : Vinh Yen (Zervoudakis, 1994, p. 60).


28 - 29 décembre 50 : A l’est, début de l’encerclement de Tien Yen (nord-est d’Haïphong). Boyer De Latour demande l’autorisation d’évacuer la localité (voir 25 décembre). De Lattre le lui interdit et y envoie Salan et Beaufre. De Lattre écrit alors : « Je pris alors la décision d’arrêter à tout prix cette épidémie d’évacuations. » (De Lattre, 1987, p. 92)


28 - 30 décembre 50 : Au nord d’Hanoi, attaque des postes de Da Phuc, Phu Moi et Yen Sao qui sont submergés par le VM. L’intervention rapide des G.M. permet toutefois de les reconquérir et conserver (De Lattre, 1987, p. 92).


29 - 30 décembre 50 : De Lattre et Salan ont obtenu des renseignements décodés par les services d’écoute sur la campagne Tran Hung Dao commandée par Giap lui-même (Salan 2, 1970, p. 193). Les Français savent qu’il s’agit d’une double offensive vietminh combinée au nord-ouest d’Hanoi (Vinh Yen) et à l’est d’Haïphong, juste au niveau de la frontière chinoise dans le secteur Tien Yen-Monkay. Ce dernier secteur, moins prioritaire aux yeux de De Lattre qui le considère comme une attaque de diversion, a été mis en alerte et semble pour l’instant pouvoir résister.


29 décembre 50 : De Lattre relève Boyer de Latour de son commandement des T.F.I.N. Salan assure l’intérim (Cadeau, 2019, p. 352).


30 décembre 50 : De Lattre donne l’ordre de prélever des troupes sur le Delta et de concentrer sur Tien Yen-Monkay 4 bataillons (dont 2 de parachutistes dont le 6e G.C.C.P. sur Moncay), un G.M. de Tabors marocains et une batterie d’artillerie « avec interdiction de lâcher quoi que ce soit ».

Il mobilise d’autre part trois G.M. pour la défense d’Hanoi (De Lattre, 1987, pp. 92-93).

A L’Assemblée nationale, Mendès France s’insurge pour la troisième fois (voir 19 octobre et 22 novembre) contre la poursuite du conflit. Il est suivi par la presse.


Nuit du 30 au 31 décembre 50 : A l’est, échec de l’attaque par le VM du petit poste de Don Ngu (10 km à l’est de Tien Yen) soutenu par les canons de la Marine du Duguay-Trouin (De Lattre, 1987, p. 93).


31 décembre 50 : De Lattre se rend par avion à l’est, à Tien Yen, investi un moment par le VM mais reconquis. Il y promet des renforts et y laisse le colonel Beaufre. La veille, un bataillon de parachutistes a été largué sur Monkay (Bodard, 1997, pp. 754-758). L’est de Tien Yen est progressivement dégagé par les unités de renfort et l’intervention des canons de 155 mm du Duguay-Trouin (De Lattre, 1987, p. 93). De Lattre se rend ensuite à Hanoi où il interdit l’évacuation des familles françaises, y compris celle de son épouse (Gras, 1979, p. 373).

L’Armée nationale vietnamienne (A.V.N.) compte désormais 30 000 réguliers (17 bataillons) et 35 000 supplétifs (Toinet, 1998, p. 140).

Le général Boyer de la Tour (successeur d’Alessandri, commandant les T.F.I.N.), victime depuis le début du mois d’une violente dysenterie et considéré comme amoindri par De Lattre, est sur le point de quitter l’Indochine. Ancien commandant des T.F.I.S., il pense toujours qu’il faut non privilégier le Nord, difficilement défendable, mais le Sud. Ce qui n’est pas la conception de De Lattre. Il est relevé par Salan ce jour même (Boyer de la Tour, 1962, pp. 178-179).


​Fin 50 : Le P.C.I. se divise en trois sections correspondant à des secteurs géographiques : le Vietminh (Vietnam), le Pracheachon (Cambodge) et le Pathet Lao (Laos) (Cambacérès, 2013, pp. 74-75).

Selon Giap, les forces françaises et celles des États associés en Indochine sont réparties de la manière suivante :

-         Au Tonkin, 54 % des effectifs : 64 bataillons : 28 bataillons de forces statiques, 20 bataillons stratégiques mobiles, 16 bataillons mobiles tactiques, 6 bataillons d’artillerie, 2 régiments motorisés, 4 bataillons de génie.

-         Au centre, 17 % des effectifs : 20 bataillons dont 16 d’occupation, 6 bataillons vietnamiens, 1 bataillon d’artillerie, 1 régiment motorisé, 1 bataillon de génie.

-         Au Sud, 19 % des effectifs : 23 bataillons dont 21 d’occupation, 2 bataillons mobiles tactiques.

-         Au Laos : 6 % des effectifs : 7 bataillons d’occupation laotiens.

-         Au Cambodge : 4 % des effectifs : 1 bataillon d’Européens et Africains, 3 bataillons cambodgiens.

Durant l’année 1950, vu la faiblesse du corps expéditionnaire, les Français ont eu de plus en plus recours aux forces dites des États associés : 55 000 hommes (dont 30 000 originaires du Sud) (voir 4 - 5 novembre 50).

7 G.M. ont été formés au Nord : 1er G.M. à Bac Ninh ; 2e G.M. à Gia Lam, 3e G.M. à Vinh Yen-Viet Tri, 4e G.M. à Hai Duong, 5e G.M. à Bac Giang, 6e G.M. à Phu Lo et 7e G.M. à Dong Trieu. Toutes les formations de parachutistes ont été groupées autour d’Hanoi (Giap 2, 2004, p. 103).

Lancement par le VM d’une campagne en coordination avec la campagne Tran Hung Dao (axée sur la zone des Évêchés). Les forces armées de la 3e interzone et la 320e division lancent la campagne Mua Xuan (Printemps) dans la zone nord-ouest de Son Tay. Selon Giap, « en sept jours de combat nous avions tué ou fait prisonniers plus de sept cents soldats et abattu un pan de l’administration fantoche. Les armes saisies pouvaient équiper un bataillon régulier et une compagnie régionale. » (Giap 2, 2004, pp. 142-143)

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