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Juillet 49 : L’aile chinoise du VM – qui est aussi la plus extrémiste – prend progressivement le pas sur l’aile « occidentale », prosoviétique et plus modérée (celle d’HCM). | |||
Depuis 1948, Sihanouk réclame le partage des responsabilités militaires entre la France et le Cambodge. Avec de fortes réticences, les autorités françaises finissent par accepter la création d’un secteur militaire khmer autonome mais limité aux provinces de Siem Rap et Kompong Thom. De nombreux groupes de Khmers issarak se soumettent alors (Cambacérès, 2013, p. 75). | |||
1<sup>er</sup> juillet 49 : '''Bao Daï, désormais « chef d’État » reconnu par la France, prend la tête d’un gouvernement qu’il forme et dirige lui-même''' (voir 9 mars et 14 juin). Tous ceux qui avaient été pressentis au poste de président du Conseil se sont dérobés, y compris Diem. Bao Daï prend une ordonnance qui restera le seul texte de fondement légal de l’État du Vietnam jusqu’au 26 octobre 1956. Mais il n’obtient qu’un début de diplomatie pseudo-autonome (voir 5 juillet) avec l’ouverture de seulement 4 missions diplomatiques : Le Saint-Siège (!), la Thaïlande, la Chine et l’Inde. Il n’y en aura pas d’autres car celles-ci demeurent la prérogative des Français (De Folin, 1993, p. 197). | |||
Le communiste Laurent Canova déclare devant le comité central du P.C.F. : « La guerre du Vietnam prend sa vraie figure, non plus simplement de guerre réactionnaire et de défense d’intérêts égoïstes des exploiteurs coloniaux. Non plus seulement de guerre en dehors de la légalité constitutionnelle et préjudiciable aux intérêts matériels et moraux de la nation française, mais d’un combat d’avant-poste de cette autre guerre dont l’impérialisme yankee menace le monde. » (cité ''in'' Ruscio, 1985, p. 236) | |||
5 juillet 49 : Note du Consul américain à Saigon : « […] il n’y a pas une seule compétence accordée au Vietnam qui ne nécessite, dans son application, l’approbation de la France ou une consultation avec elle. » (cité ''in'' De Folin, 1993, p. 197). Tout en soutenant l’effort militaire, les U.S.A. continuent de critiquer le maintien d’une forme de colonialisme à la française. | |||
9 juillet 49 : Pham Ngoc Tach, directeur de la délégation politico-militaire du gouvernement HCM au S-V, qualifie Bao Daï de « fantoche à la solde des envahisseurs ». Il déclare par ailleurs à un journaliste français : « Les succès de l’armée chinoise […] annoncent la fin des jours sombres pour le Vietminh. » (Gras, 1979, p. 272). | |||
Max Lejeune, l’un des principaux dirigeants socialistes, défend de vieux clichés colonialistes. Selon une dépêche de l’A.F.P., il déclare à Tulle que l’action menée en Indochine doit être assimilée à la « mission civilisatrice de la France. » (Ruscio, 1985, p. 212) | |||
10 juillet 49 : Opération ''Alpha'' menée par seulement 152 parachutistes. Elle ne ramène que quelques documents. Selon Bodin, « en revanche, leur apparition suffisait encore à faire fuir le Vietminh. Leur largage permit le dégagement de la région de Dong Hoï [entre Vinh et Hué] en octobre ou de Tra Vinh [au sud, dans le delta du Mékong] en décembre. Par fraction, par commando, rarement par unité entière, les parachutistes étaient devenus les pompiers de l’Indochine. » (Bodin, 2009, p 142) | |||
13 juillet - 8 août 49 : Blaizot met en place son plan pour le Tonkin en vue d’une potentielle invasion des troupes chinoises communistes. C’est l’opération ''Bastille'' (carte n° 10 ''in'' Teulières, 1979, p. 63). Elle vise à dégager les R.C. 1, 2 et 3 et ouvre le canal des Rapides afin que le ravitaillement en provenance de Haïphong puisse se faire ou en vue d’une évacuation des troupes françaises si nécessaire. Occupation de Da Phuc, Bac Ninh, Phu Lang Tuong et Dap Cau (est d’Hanoi) puis progression vers Sept-Pagodes. Le programme de pacification attenant se construit autour de l’établissement de fortifications (tours) et la constitution de milices d’autodéfense profrançaises. | |||
Mi-juillet 49 : Lors d’une réunion du Bureau permanent du ''Lien Viet'', '''Pham Van Dong est nommé vice-premier ministre''' et secrétaire du groupe des représentants du Parti au gouvernement (Giap 1, 2003, p. 273). | |||
Le général nationaliste chinois Lou Han (qui avait occupé et pillé le Tonkin durant une bonne partie des années 1945-1946 et donc bon connaisseur de la région…) cherche à connaître les réactions françaises dans le cas où les nécessités opérationnelles imposeraient le passage du ravitaillement de ses troupes par le Tonkin. Il va même plus loin en cherchant à savoir quelle serait la réaction de Paris si les forces nationalistes chinoises étaient obligées d’effectuer des mouvements de rocade en transitant toujours par le Tonkin ou de devoir embarquer ses troupes à Haïphong (Cadeau, 2019, p. 266). | |||
16 juillet 49 : Bao Daï se rend à Hanoi et y prononce un discours esquissant les grandes lignes d’un programme gouvernemental. Il assiste à un défilé militaire et tient son premier conseil des ministres. Pour bien montrer qu’il ne désapprouve aucune forme de résistance aux Français, il fait déposer par provocation une gerbe sur la tombe des premiers soldats vietminh tombés le 19 décembre 1946… | |||
19 juillet 49 : La France accorde au Laos les mêmes concessions qu’elle a faites au Vietnam par les accords du 8 mars en accordant le mot « indépendance ». Le pays passe du rang d’État protégé à celui d’État associé comme le Vietnam et le Cambodge (voir 29 janvier 1950). | |||
'''Début de l’ « affaire des généraux »''' (Mast et Revers, voir 26 juillet et 19 septembre). Le général Mast remet à Peyré (affilié au S.D.E.C.E., contre-espionnage) des extraits du rapport Revers pour faciliter sa campagne en vue du poste de haut-commissaire auprès des milieux vietnamiens. Ce même jour, Peyré les transmet à Hoang Van Co, conseillé de la délégation du Vietnam à Paris. Ce dernier fera parvenir des exemplaires du rapport jusqu’à Saigon (Xuan) par le biais de la valise diplomatique (Gras, 1979, p. 277). | |||
24 - 26 juillet 49 : Repli des postes français autour de Phuc Hoa situés à l’est de la R.C. 4. près de la frontière chinoise. Il se produit sans incident. | |||
25 juillet 49 : Le comité de défense nationale d’Indochine préconise de lâcher Cao Bang et sa région en suivant « les bases opérationnelles proposées par le général Revers » mais en spécifiant que cette évacuation doit être liée à l’occupation de Thaï Nguyen. Le commandement sur place est laissé libre du moment qu’il juge opportun. Le général Blaizot, commandant en chef, veut l’accomplir dès septembre mais son remplaçant, le général Carpentier, retardera l’opération en invoquant la nécessité de contrôler le reflux des nationalistes chinois vers le Tonkin. Cette malencontreuse décision fera que la ville ne pourra plus être évacuée par la suite que sous la pression du VM (Gras, 1979, p. 323 : Auriol 4, 2003, pp. 480-482). | |||
Réunion du Conseil du gouvernement vietminh. HCM évoque la récente nomination de Pham Van Dong au poste de vice-premier ministre (voir mi-juillet). Celui-ci prête serment. Sur proposition de Le Van Viet, Ho lui attribue également le poste de vice-président du Conseil suprême de la Défense (Giap 1, 2003, p. 273). | |||
26 juillet 49 : « Affaire des généraux », suite (voir 19 juillet et 19 septembre). Roger Peyré continue à transmettre des extraits du rapport Revers à Vinh Xa, qui se prétend être le cousin de Bao Daï, lui-même en relation avec Tran Ngoc Danh, délégué parisien du gouvernement d’HCM. L’enquête montrera que d’importantes sommes d’argent ont été récupérées par Peyré venant de Hoang Van Co (conseiller de la délégation du Vietminh à Paris). Peyré aurait « arrosé » Mast, Revers et même le vice-président socialiste de l’Assemblée nationale pour rembourser des frais de réception (Gras, 1979, p. 277). | |||
27 juillet 49 : Au Cambodge, selon Bodin, « l’arrangement provisoire du 27 juillet 1949 complétait la création d’une armée cambodgienne (A.R.K.) forte de moins de 5 000 combattants (3 bataillons de chasseurs, une compagnie parachutiste et 3 568 gardes nationaux et policiers). Ces unités étaient encadrées par 1 185 Français, ce qui grevait d’autant les F.T.E.O. Les jugements sur ces armées nationales [cambodgienne et vietnamienne] sont extrêmement sévères. Les témoins évoquent le manque de solidité des recrutés, leur absence de patriotisme, leur peur de s’engager à fond notamment pour les Vietnamiens mais beaucoup soulignent que les Européens ne leur faisaient souvent qu’une confiance limitée. » (Bodin, 2009, pp. 138-139) | |||
29 juillet 49 : Publication dans ''Témoignage chrétien'' d’un dossier du journaliste Jacques Chegaray dénonçant la banalisation de l’utilisation de la torture dans un article intitulé « Les tortures en Indochine ». Reprenant des propos déjà évoqués dans ''L’Humanité'' du 21 décembre 1945, il dénonce dans son témoignage le pillage systématique d’un village de la plaine des Joncs, la torture et l’exécution d’un « prisonnier » vietminh et le viol d’une jeune fille de 14 ans. Selon Alain Ruscio, cet article a été retoqué par le journal progouvernemental ''L’Aube'' (organe du M.R.P.) auquel appartenait ce journaliste (voir 20 juin). Celui-ci écrit dans cet article : « A côté de la machine à écrire, le mobilier d’un poste comprend une machine à faire parler » ou « l’ambiance indochinoise joue à ce point qu’on ne se pose même plus la question de savoir si ces procédés sont ceux d’une nation civilisée. » Le papier a un certain retentissement (Ruscio, 1992, pp. 161-162 ; Ruscio, 1985, p. 368, note 29). | |||
30 juillet 49 : ''L’Humanité'' dénonce des actes répréhensibles commis par les Français. Depuis que les communistes s’opposent à la poursuite du conflit, ils ne s’en prennent plus qu’aux légionnaires allemands : « Il est certain qu’il y a des S.S. dans la corps expéditionnaire d’Indochine, mais il y a aussi des Français, des garçons qui sont partis là-bas comme on peut, à 20 ans, partir pour la colonie […] Et la drame, c’est que l’on fait de ces garçons des assassins. » (cité ''in'' Ruscio, 1985, p. 368) | |||
Fin juillet 49 : Giap donne l’ordre à ses troupes de préparer « la contre-offensive générale ». |
Dernière version du 1 juin 2025 à 17:40
Juillet 49 : L’aile chinoise du VM – qui est aussi la plus extrémiste – prend progressivement le pas sur l’aile « occidentale », prosoviétique et plus modérée (celle d’HCM).
Depuis 1948, Sihanouk réclame le partage des responsabilités militaires entre la France et le Cambodge. Avec de fortes réticences, les autorités françaises finissent par accepter la création d’un secteur militaire khmer autonome mais limité aux provinces de Siem Rap et Kompong Thom. De nombreux groupes de Khmers issarak se soumettent alors (Cambacérès, 2013, p. 75).
1er juillet 49 : Bao Daï, désormais « chef d’État » reconnu par la France, prend la tête d’un gouvernement qu’il forme et dirige lui-même (voir 9 mars et 14 juin). Tous ceux qui avaient été pressentis au poste de président du Conseil se sont dérobés, y compris Diem. Bao Daï prend une ordonnance qui restera le seul texte de fondement légal de l’État du Vietnam jusqu’au 26 octobre 1956. Mais il n’obtient qu’un début de diplomatie pseudo-autonome (voir 5 juillet) avec l’ouverture de seulement 4 missions diplomatiques : Le Saint-Siège (!), la Thaïlande, la Chine et l’Inde. Il n’y en aura pas d’autres car celles-ci demeurent la prérogative des Français (De Folin, 1993, p. 197).
Le communiste Laurent Canova déclare devant le comité central du P.C.F. : « La guerre du Vietnam prend sa vraie figure, non plus simplement de guerre réactionnaire et de défense d’intérêts égoïstes des exploiteurs coloniaux. Non plus seulement de guerre en dehors de la légalité constitutionnelle et préjudiciable aux intérêts matériels et moraux de la nation française, mais d’un combat d’avant-poste de cette autre guerre dont l’impérialisme yankee menace le monde. » (cité in Ruscio, 1985, p. 236)
5 juillet 49 : Note du Consul américain à Saigon : « […] il n’y a pas une seule compétence accordée au Vietnam qui ne nécessite, dans son application, l’approbation de la France ou une consultation avec elle. » (cité in De Folin, 1993, p. 197). Tout en soutenant l’effort militaire, les U.S.A. continuent de critiquer le maintien d’une forme de colonialisme à la française.
9 juillet 49 : Pham Ngoc Tach, directeur de la délégation politico-militaire du gouvernement HCM au S-V, qualifie Bao Daï de « fantoche à la solde des envahisseurs ». Il déclare par ailleurs à un journaliste français : « Les succès de l’armée chinoise […] annoncent la fin des jours sombres pour le Vietminh. » (Gras, 1979, p. 272).
Max Lejeune, l’un des principaux dirigeants socialistes, défend de vieux clichés colonialistes. Selon une dépêche de l’A.F.P., il déclare à Tulle que l’action menée en Indochine doit être assimilée à la « mission civilisatrice de la France. » (Ruscio, 1985, p. 212)
10 juillet 49 : Opération Alpha menée par seulement 152 parachutistes. Elle ne ramène que quelques documents. Selon Bodin, « en revanche, leur apparition suffisait encore à faire fuir le Vietminh. Leur largage permit le dégagement de la région de Dong Hoï [entre Vinh et Hué] en octobre ou de Tra Vinh [au sud, dans le delta du Mékong] en décembre. Par fraction, par commando, rarement par unité entière, les parachutistes étaient devenus les pompiers de l’Indochine. » (Bodin, 2009, p 142)
13 juillet - 8 août 49 : Blaizot met en place son plan pour le Tonkin en vue d’une potentielle invasion des troupes chinoises communistes. C’est l’opération Bastille (carte n° 10 in Teulières, 1979, p. 63). Elle vise à dégager les R.C. 1, 2 et 3 et ouvre le canal des Rapides afin que le ravitaillement en provenance de Haïphong puisse se faire ou en vue d’une évacuation des troupes françaises si nécessaire. Occupation de Da Phuc, Bac Ninh, Phu Lang Tuong et Dap Cau (est d’Hanoi) puis progression vers Sept-Pagodes. Le programme de pacification attenant se construit autour de l’établissement de fortifications (tours) et la constitution de milices d’autodéfense profrançaises.
Mi-juillet 49 : Lors d’une réunion du Bureau permanent du Lien Viet, Pham Van Dong est nommé vice-premier ministre et secrétaire du groupe des représentants du Parti au gouvernement (Giap 1, 2003, p. 273).
Le général nationaliste chinois Lou Han (qui avait occupé et pillé le Tonkin durant une bonne partie des années 1945-1946 et donc bon connaisseur de la région…) cherche à connaître les réactions françaises dans le cas où les nécessités opérationnelles imposeraient le passage du ravitaillement de ses troupes par le Tonkin. Il va même plus loin en cherchant à savoir quelle serait la réaction de Paris si les forces nationalistes chinoises étaient obligées d’effectuer des mouvements de rocade en transitant toujours par le Tonkin ou de devoir embarquer ses troupes à Haïphong (Cadeau, 2019, p. 266).
16 juillet 49 : Bao Daï se rend à Hanoi et y prononce un discours esquissant les grandes lignes d’un programme gouvernemental. Il assiste à un défilé militaire et tient son premier conseil des ministres. Pour bien montrer qu’il ne désapprouve aucune forme de résistance aux Français, il fait déposer par provocation une gerbe sur la tombe des premiers soldats vietminh tombés le 19 décembre 1946…
19 juillet 49 : La France accorde au Laos les mêmes concessions qu’elle a faites au Vietnam par les accords du 8 mars en accordant le mot « indépendance ». Le pays passe du rang d’État protégé à celui d’État associé comme le Vietnam et le Cambodge (voir 29 janvier 1950).
Début de l’ « affaire des généraux » (Mast et Revers, voir 26 juillet et 19 septembre). Le général Mast remet à Peyré (affilié au S.D.E.C.E., contre-espionnage) des extraits du rapport Revers pour faciliter sa campagne en vue du poste de haut-commissaire auprès des milieux vietnamiens. Ce même jour, Peyré les transmet à Hoang Van Co, conseillé de la délégation du Vietnam à Paris. Ce dernier fera parvenir des exemplaires du rapport jusqu’à Saigon (Xuan) par le biais de la valise diplomatique (Gras, 1979, p. 277).
24 - 26 juillet 49 : Repli des postes français autour de Phuc Hoa situés à l’est de la R.C. 4. près de la frontière chinoise. Il se produit sans incident.
25 juillet 49 : Le comité de défense nationale d’Indochine préconise de lâcher Cao Bang et sa région en suivant « les bases opérationnelles proposées par le général Revers » mais en spécifiant que cette évacuation doit être liée à l’occupation de Thaï Nguyen. Le commandement sur place est laissé libre du moment qu’il juge opportun. Le général Blaizot, commandant en chef, veut l’accomplir dès septembre mais son remplaçant, le général Carpentier, retardera l’opération en invoquant la nécessité de contrôler le reflux des nationalistes chinois vers le Tonkin. Cette malencontreuse décision fera que la ville ne pourra plus être évacuée par la suite que sous la pression du VM (Gras, 1979, p. 323 : Auriol 4, 2003, pp. 480-482).
Réunion du Conseil du gouvernement vietminh. HCM évoque la récente nomination de Pham Van Dong au poste de vice-premier ministre (voir mi-juillet). Celui-ci prête serment. Sur proposition de Le Van Viet, Ho lui attribue également le poste de vice-président du Conseil suprême de la Défense (Giap 1, 2003, p. 273).
26 juillet 49 : « Affaire des généraux », suite (voir 19 juillet et 19 septembre). Roger Peyré continue à transmettre des extraits du rapport Revers à Vinh Xa, qui se prétend être le cousin de Bao Daï, lui-même en relation avec Tran Ngoc Danh, délégué parisien du gouvernement d’HCM. L’enquête montrera que d’importantes sommes d’argent ont été récupérées par Peyré venant de Hoang Van Co (conseiller de la délégation du Vietminh à Paris). Peyré aurait « arrosé » Mast, Revers et même le vice-président socialiste de l’Assemblée nationale pour rembourser des frais de réception (Gras, 1979, p. 277).
27 juillet 49 : Au Cambodge, selon Bodin, « l’arrangement provisoire du 27 juillet 1949 complétait la création d’une armée cambodgienne (A.R.K.) forte de moins de 5 000 combattants (3 bataillons de chasseurs, une compagnie parachutiste et 3 568 gardes nationaux et policiers). Ces unités étaient encadrées par 1 185 Français, ce qui grevait d’autant les F.T.E.O. Les jugements sur ces armées nationales [cambodgienne et vietnamienne] sont extrêmement sévères. Les témoins évoquent le manque de solidité des recrutés, leur absence de patriotisme, leur peur de s’engager à fond notamment pour les Vietnamiens mais beaucoup soulignent que les Européens ne leur faisaient souvent qu’une confiance limitée. » (Bodin, 2009, pp. 138-139)
29 juillet 49 : Publication dans Témoignage chrétien d’un dossier du journaliste Jacques Chegaray dénonçant la banalisation de l’utilisation de la torture dans un article intitulé « Les tortures en Indochine ». Reprenant des propos déjà évoqués dans L’Humanité du 21 décembre 1945, il dénonce dans son témoignage le pillage systématique d’un village de la plaine des Joncs, la torture et l’exécution d’un « prisonnier » vietminh et le viol d’une jeune fille de 14 ans. Selon Alain Ruscio, cet article a été retoqué par le journal progouvernemental L’Aube (organe du M.R.P.) auquel appartenait ce journaliste (voir 20 juin). Celui-ci écrit dans cet article : « A côté de la machine à écrire, le mobilier d’un poste comprend une machine à faire parler » ou « l’ambiance indochinoise joue à ce point qu’on ne se pose même plus la question de savoir si ces procédés sont ceux d’une nation civilisée. » Le papier a un certain retentissement (Ruscio, 1992, pp. 161-162 ; Ruscio, 1985, p. 368, note 29).
30 juillet 49 : L’Humanité dénonce des actes répréhensibles commis par les Français. Depuis que les communistes s’opposent à la poursuite du conflit, ils ne s’en prennent plus qu’aux légionnaires allemands : « Il est certain qu’il y a des S.S. dans la corps expéditionnaire d’Indochine, mais il y a aussi des Français, des garçons qui sont partis là-bas comme on peut, à 20 ans, partir pour la colonie […] Et la drame, c’est que l’on fait de ces garçons des assassins. » (cité in Ruscio, 1985, p. 368)
Fin juillet 49 : Giap donne l’ordre à ses troupes de préparer « la contre-offensive générale ».