Généralités :
Effectifs engagés, pertes, blessés au 1er janvier :
Américains : 23 000 Américains sont présents au S-V ; 140 ont été tués, 1 138 blessés et 11 disparus.
S-V : 265 000 soldats réguliers et 290 000 supplétifs.
N-V – VC : 34 000 hommes (Burns Sigler, 1992, p. 1).
A partir de 1965, les avions américains ne détruisent que 20 à 25 % des véhicules de transport venus du N-V. Les voies ferrées sont perturbées par les bombardements mais jamais totalement interrompues. Environ deux tiers du ravitaillement en armes et munitions parviennent à destination. Les pertes n-v sont inférieures à 20-25 % car progressant dans des régions difficiles pour mieux contrer les attaques aériennes. Un groupe d’infiltration est capable d’avoir des pertes de l’ordre de 10 à 20 %, dues la plupart du temps à la maladie ou aux désertions. Les aviateurs américains ne pourront jamais de mener une campagne d’interdiction efficace : temps de vol, distances, conditions climatiques, camouflage et tirs de D.C.A. s’y opposent (Sheenhan, 1990, pp. 796-797).
Fait indéniable, le nombre de désertions dans l’A.R.V.N. augmente. Les chiffres annoncés par les uns et les autres varient et sont donc à prendre avec la prudence nécessaire. Ils dépassent chaque mois de 20 000 celui des nouvelles recrues selon Penycate, Mangold, 1986, p. 41. Selon Knöbl, le nombre de désertions serait de 7 400 pour l’année mais les chiffres s-v paraissent « imprécis et en deçà de la réalité. » 3 000 S-V seraient passés dans les rangs communistes. Le VC annonce de son côté 10 000 déserteurs, incluant l’armée et la milice, cette dernière ne figurant pas dans les statistiques s-v. Les sources américaines parlent de 5 à 6 000 désertions incluant l’armée et la milice (Knöbl, 1967, p. 354, note 13). Selon Toinet, le nombre de déserteurs s’amplifie et passe de 73 000 en 1964 à 113 000 en 1965 (Toinet, 1998, p. 217).
Selon Tra Van Don, « ils [les Américains] échouèrent car ils ne comprirent jamais les Vietnamiens. Nous ne sommes pas français, japonais, chinois, coréens ou américains. Nous sommes vietnamiens tout simplement. Notre histoire est vieille de deux mille ans et comporte des coutumes, des traditions et une culture qui nous sont propres. » (Tran Van Don, 1985, p. 218).
En 1965, au moment où les Américains s’impliquent de plus en plus au Vietnam, le même auteur déplore l’absence de commandement interallié et « le manque de coordination des opérations entreprises d’une part par l’armée sud-vietnamienne, d’autre part par celles des alliés, entraînait des confusions et même parfois des discordances parfois insolubles : objectifs mal définis, priorités contestables, soutien logistique et aérien insuffisants ou tardifs, erreurs de bombardements terrestres ou aériens plusieurs fois commises, faisant des morts et des dégâts dans les rangs amis. » (Tran Van Don, 1985, p. 236)
La technique du body count se généralise et s’officialise. Elle est la résultante directe de la tactique du search and destroy chère à Westmoreland. Ce dont témoigne le sous-lieutenant Philip Caputo, officier chargé de la statistique des pertes dans son unité : « La victoire est devenue affaire de quantité, la défaite une diminution du nombre de cadavres, la guerre un problème de mesures volumétriques. Pour appliquer ces directives, l’état-major exerçait une pression intense sur les commandants d’unité qui la transmettaient à leurs troupes. Il en résultait que beaucoup de civils étaient traités comme des militaires. « Ce type est mort, et Vietnamien, donc c’est un Vietcong. » » (cité in Toinet, 1998, p. 404)
Le comptage des morts devient une pratique bureaucratique de premier ordre : « Et le classement d’une troupe de combattants au Vietnam ne se faisait pas suivant le terrain conquis ni le nombre d’engagements victorieux mais d’après les chiffres des pertes infligées à l’ennemi (body count), et la proportion entre ce chiffre et celui des pertes subies par l’unité en question (kill ratio). C’est ainsi que le tableau permettait au colonel de passer en revue le comportement, à toute époque de chaque unité sous ses ordres, et de présenter sur le champ aux dignitaires en visite des statistiques probantes et indiscutables. » (Caputo, 1979, p. 171). Les mêmes artifices comptables seront dénoncés invariablement par la plupart des reporters de presse présents sur le terrain. Ils ne se priveront pas de les dénoncer (Knöbl, 1967, pp. 226-228).
Apparition d’un mouvement de contestation de la guerre aux États-Unis. Il est essentiellement issu de la jeunesse mais demeurera toujours « composite, ne pouvant se réduire à un thème ou à une organisation, chacune ne représentant qu’elle-même ». Selon Porte, c’est « une sorte de rassemblement très flou, de sensibilités diverses, sans leader unique, sans programme constitué ni bien défini, ni centré sur le conflit vietnamien. Le pouvoir s’est toujours rassuré en remarquant cette dispersion et en notant que de très nombreux établissements universitaires sont restés calmes au pire moment des manifestations » (Porte, 2008, p. 278).
Le mouvement contre la guerre est important mais demeure limité dans le temps à des actions spectaculaires, éphémères, avec peu de lendemain. Aux yeux de l’Amérique profonde, la guerre du Vietnam n’est pas assez essentielle et vitale pour mettre en branle toute la société, même si au fil de temps cette dernière apparaitra de plus en plus divisée sur la question vietnamienne. Comme le rappelle à juste titre Jacques Portes, « un des effets paradoxaux du Vietnam a été de susciter une très vigoureuse opposition à la guerre, sans qu’il soit facile d’établir l’influence réelle qu’elle a exercé au niveau du pouvoir. » (Porte, 2008, p. 306). Il observe par ailleurs que le mouvement contestataire « s’est étiolé assez vite, dès la fin de 1970 » et que la chute du S-V en avril 1975 « n’[a] guère suscité de réactions. » (Porte, 2008, p. 308)
Proportionnellement à leur représentativité démographique, les populations noires pourtant beaucoup plus impliquées que les Blancs dans les troupes qui combattent au Vietnam seront peu impliquées dans les manifestations ou les mouvements qui contestent publiquement la guerre. Elles ne font guère partie de la population étudiante et préfèreront s’investir dans la lutte qui les concerne directement, celle portant sur les droits civiques (Porte, 2008, p. 282).
Dépenses américaines liées au conflit : militaires : 5 milliards de dollars ; assistance économique : 275 millions de dollars ; total : 5,275 milliards de dollars (Portes, 2008, p. 271).
Les services de la C.I.A. au S-V atteignent un effectif de 600 personnes (Snepp, 1979, p. 23).
Avec l’arrivée massive du contingent américain, les médias couvrent de plus en plus le conflit.
Voici les évènements marquants de l'année 1965 :
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